Mascarade en Libye

Publié le 29 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien accusés par la justice libyenne d’avoir délibérément inoculé le virus du sida à plus de quatre cents enfants risquent la peine de mort. À l’évidence, ils sont des boucs émissaires. Kadhafi doit être fermement averti que cette parodie de justice risque de nuire aux efforts de son pays pour rejoindre les rangs des nations pacifiques.
Les accusés, qui travaillaient à l’hôpital de Benghazi, ont été arrêtés en 1999. Dans un premier temps, ils ont avoué leur crime – sous la torture, selon les organisations de défense des droits de l’homme – avant de se rétracter et de clamer leur innocence. Découvreur du HIV, le Pr Luc Montagnier a témoigné que la vraie cause des infections était les très mauvaises conditions d’hygiène qui prévalaient dans l’établissement. Les premiers cas se sont d’ailleurs déclarés avant l’arrivée à Benghazi des infirmières et du médecin mis en cause. Et l’infection s’est poursuivie après leur emprisonnement. Il paraît clair que les autorités ont tenté d’échapper à la vindicte populaire en accusant des étrangers d’un crime horrible.
Les six accusés ont été condamnés à mort en 2004, tandis que neuf Libyens travaillant dans le même hôpital étaient acquittés. Les condamnations ont ensuite été cassées par la Cour suprême libyenne, qui a ordonné la tenue d’un nouveau procès. Mais les avocats de la défense redoutent un verdict identique. Dans l’espoir d’arracher la libération des accusés, Américains et Européens ont créé un fonds international destiné à soigner les victimes de la tragédie et à moderniser les équipements de l’hôpital de Benghazi. Mais les autorités libyennes exigent une compensation financière d’un montant égal à celui des indemnités versées aux familles des victimes de l’attentat de Lockerbie, en 1988.
La Maison Blanche cite volontiers la Libye en exemple pour avoir renoncé à ses armes de destruction massive. Mais ce pays doit aussi être jugé sur la manière dont il se comporte en matière de droits de l’homme et de respect de la loi.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires