La semaine (du 22 au 28 octobre)

États-Unis
Obama, oh oui !
À peine 45 ans, dont deux passés au Sénat, et déjà une semaine de folie aux États-Unis pour Barack Obama. Depuis qu’il a confirmé, le 22 octobre, être prêt à se mesurer à Hillary Clinton, sénatrice de l’État de New York, pour l’investiture du Parti démocrate à la présidentielle de 2008, le sénateur de l’Illinois est devenu une superstar. L’expérience d’une femme contre la nouveauté d’un métis (son père est kényan) : les primaires démocrates s’annoncent originales si Obama confirme sa candidature après les élections de mi-mandat du 7 novembre. Quoi qu’il arrive, Clinton et Obama devront batailler : depuis quatre-vingts ans, un seul sénateur est parvenu à s’installer à la Maison Blanche : John F. Kennedy.

Éthiopie
En guerre avec Starbucks
Starbucks, l’enseigne américaine de cafés implantée aux quatre coins de la planète, a empêché l’Éthiopie de déposer un copyright sur trois variétés de café prisées, dénonce Oxfam le 26 octobre. Le contrôle de l’usage des appellations pourrait rapporter 88 millions de dollars au pays chaque année, assure pourtant l’ONG, soutenant que Starbucks est intervenu auprès du bureau américain d’enregistrement des noms de marque. Ce geste serait en parfaite contradiction avec la politique de l’entreprise, qui se targue d’un comportement « socialement responsable » envers les producteurs.

Chine
Diplomatie africaine
À la veille du sommet Chine-Afrique qui se tiendra les 4 et 5 novembre prochain à Pékin, la Chine répond aux critiques. Pour le gouvernement chinois, son mode de coopération, basé sur des prêts souples, privilégie le bien-être des populations locales. Par ailleurs, la Chine utilise ses « propres canaux » pour inciter le Soudan, notamment, à respecter les droits de l’homme. Pour Wei Jianguo, vice-ministre du Commerce, l’engagement de la Chine en Afrique revient à « fournir du bois de chauffage en hiver ».

RD Congo
Dispositif de choc
Mille observateurs internationaux, 54 000 nationaux, 200 000 témoins politiques ainsi que 250 000 agents électoraux répartis dans les 50 045 bureaux de vote : le second tour de l’élection présidentielle, le 29 octobre, a fait l’objet de toutes les attentions. « Des observateurs vont rester le temps nécessaire pour éviter les tricheries éventuelles durant le dépouillement », a ajouté le général Philippe Morillon, chef de mission des observateurs européens. La logistique pour l’acheminement des bulletins de vote a été revue à la suite du désordre constaté à Kinshasa lors du premier tour.

Mines
Madame Anglo American
Le géant minier Anglo American a frappé fort. Attendue depuis plusieurs mois, la nomination du nouveau dirigeant de l’entreprise a surpris. C’est Cynthia Carroll qui deviendra directrice générale le 1er mars prochain. Candidate extérieure à la compagnie (elle dirigeait une filiale du canadien Alcan jusqu’alors), elle n’est pas sud-africaine et elle est une femme. Trois grandes premières pour le groupe coté en Bourse à Londres.

Tunisie
Al-Jazira sème le trouble
Le 25 octobre, le ministère tunisien des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué la fermeture de l’ambassade à Doha au Qatar. Motif invoqué : « une campagne hostile » menée ces derniers temps par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira, « destinée à nuire à la Tunisie ». À l’origine de la querelle, deux interviews de l’opposant Moncef Marzouki appelant à la « résistance civile » contre les autorités tunisiennes, ainsi qu’un débat sur le hijab (voile islamique) en Tunisie à l’issue duquel le gouvernement tunisien a été accusé de « violation des libertés individuelles ».

Avortement
Retour à la case départ
Deux semaines avant l’élection présidentielle, le gouvernement du Nicaragua, encouragé par les associations catholiques, a adopté, le 26 octobre, une loi interdisant toute interruption volontaire de grossesse (IVG), même dans les cas de viol ou de danger pour la vie de la mère ou celle de l’enfant. Les femmes et les médecins risquent désormais des peines de six à trente-quatre ans de prison. Chaque année, 32 000 femmes avortent clandestinement au Nicaragua. Prohibée dans toute l’Amérique latine, l’IVG est néanmoins autorisée à Cuba. Elle est totalement interdite au Salvador et au Chili. En Europe, la Pologne projette de faire de même dans les deux prochains mois.

Enseignement
La Sorbonne à Abou Dhabi
Du jamais vu en 750 ans d’existence. L’université parisienne, la Sorbonne, a ouvert le 8 octobre dernier à Abou Dhabi, dans les Émirats arabes unis, un campus sous son label. Cette semaine, le président de la Sorbonne, Jean Robert Pitte, a précisé qu’il s’agit de « jeter un pont entre l’Occident et le monde arabo-musulman ainsi que de renforcer le rayonnement de la France dans la région ». D’ici à 2007, une « filiale » de la Sorbonne surgira des sables pour accueillir 1 500 étudiants de la région. Les enseignements, en langue française, seront sanctionnés par des diplômes français et assurés par des professeurs maison.

Élections
Le chaos chez les Américains aussi
Après le cafouillage de la présidentielle de 2000, les États-Unis ont décidé de remplacer le système à cartes perforées par le vote électronique. Les élections de mi-mandat de novembre seront un test. Mais les nouvelles machines sont compliquées et un scientifique a démontré qu’en une minute il était possible de pirater le système. Ceci est d’autant plus inquiétant que dans certains cas aucune trace du vote ne sera conservée sur papier pour une éventuelle vérification.

Livres
Jonathan Littell superstar
Ce pavé de 900 pages écrit en français par un jeune Américain de 39 ans a été qualifié d’ovni littéraire. Le roman Les Bienveillantes (Gallimard), dans lequel Jonathan Littell se met dans la peau d’un SS pour raconter les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et qui s’est déjà vendu à plus de 200 000 exemplaires, est parti pour faire une razzia sur les grands prix littéraires de l’automne. Celui de l’Académie française lui a été décerné le 26 octobre. On attend maintenant le verdict des jurés du Médicis et du Femina (le 30 octobre) puis de ceux du Goncourt et du Renaudot (le 6 novembre).

Nigeria
La démocratie en jeu
Pour la première fois dans l’histoire du Nigeria, les 60 millions d’électeurs sont inscrits sur les listes par voie électronique. Les machines sont censées prendre une photo numérique du votant, enregistrer son empreinte digitale et lui délivrer une carte contenant les informations. Le pays le plus peuplé du continent, plus habitué aux putschs qu’aux changements démocratiques, doit élire, en avril 2007, un successeur au président Olusegun Obasanjo, les gouverneurs des 36 États ainsi que les députés. Leur tâche sera rude : dans un rapport publié le 25 octobre, l’International Crisis Group (ICG) qualifie l’expérience fédérale nigériane de « défaillante ».