Israël : dixit les militaires

Publié le 29 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Un officier d’active israélien m’a dit carrément : « Il faut que nous nous asseyions autour d’une table et que nous parlions avec le Hamas, avec le Hezbollah, avec les Syriens, avec les Iraniens, avec le diable en personne, si nous pensons que nous pouvons régler nos problèmes avec les Arabes. » Assurément, de tels propos sont inattendus et méritent qu’on s’y arrête. Ils attestent que les membres des forces de sécurité prennent désormais des positions plus audacieuses que les politiques.
Parmi les militaires à la retraite et les anciens de la sécurité qui partagent ce point de vue, on trouve le travailliste Ami Ayalon, ex-amiral et ex-chef du Shin Bet, Avishai Brotherman, président de l’université Ben-Gourion, Matan Vilnai, général à la retraite et député travailliste, et même Avi Dichter, un faucon du parti Kadima et ancien ministre du gouvernement d’Ehoud Olmert, qui siège aujourd’hui à la Knesset. Pour tous, l’invasion du Liban et les opérations en cours à Gaza démontrent une fois de plus qu’il n’y a pas de solution militaire facile ou sans frais aux problèmes de sécurité israéliens.

Les responsables militaires auxquels j’ai parlé m’ont dit que la première mesure que devrait prendre Olmert serait de relancer son plan de démantèlement des colonies israéliennes de Cisjordanie, puis d’ouvrir des négociations avec le président palestinien Mahmoud Abbas sur les frontières définitives entre Israël et un État palestinien. Ils admettaient qu’il était peu probable que le Hamas reconnaisse ouvertement le droit d’Israël à l’existence. Mais, de leur point de vue, la légitimité et la viabilité d’Israël en tant qu’État ne reposent pas sur une reconnaissance arrachée à contrecur à ses voisins, mais sur sa puissance économique et militaire. De toute façon, disent-ils, lorsque les frontières seront reconnues, il appartiendra au gouvernement palestinien de les faire respecter. S’il manque à ses obligations, Israël sera en droit d’exercer des représailles.

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J’ai été frappée de voir à quel point beaucoup de ceux que j’ai rencontrés comprennent ce que ressentent les Palestiniens. Ils ne s’étonnent pas qu’après quelque soixante années d’affrontements les Palestiniens aient envie d’avoir un État normal qui assure l’approvisionnement en eau et en électricité. Nehemia Dagan, général d’aviation en retraite, estime, en outre, qu’il faudrait maintenant qu’Israël restitue à la Syrie le plateau du Golan. La préférence des militaires serait que le Golan soit rendu aux Syriens, mais reste sous contrôle israélien sur la base d’un accord à long terme. Si un tel arrangement n’était pas compatible avec le nationalisme syrien, il resterait la possibilité de négocier la démilitarisation du secteur.

Une relance du processus de paix israélo-arabe peut aussi constituer pour le président George W. Bush la dernière occasion d’avoir un impact concret et positif sur la dynamique de cette région clé. Mais pour cela, je crois que l’administration américaine a besoin de retrouver au moins une crédibilité auprès des gouvernements et des peuples arabes.

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