Chine-Afrique : place à la bonne gouvernance !

Publié le 29 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Dans les années 1970, la Chine prouvait sa solidarité socialiste avec l’Afrique en y construisant des stades. Aujourd’hui, ses investissements sont moins anodins. Aucun prêteur chinois n’applique toutefois les « Principes de l’Équateur ». Ce code de bonne conduite, auquel des dizaines de banques internationales ont librement adhéré, définit des standards sociaux et environnementaux pour le financement de grands projets dans les pays en développement. Il est regrettable que les banques chinoises tardent à souscrire à ces principes d’autorégulation, qui n’ont de réelle portée que s’ils s’imposent à tous. Le risque est grand que les prêteurs chinois en viennent à financer des projets plus nuisibles que bénéfiques.
Dans sa course effrénée au profit et aux matières premières, la Chine investit dans le pétrole de l’Angola et du Soudan, elle achète des minéraux en Zambie et au Zimbabwe, elle construit des barrages au Soudan, en Éthiopie, au Congo-Brazzaville et en Zambie. En fermant les yeux sur les interventions soudanaises au Darfour comme sur la misère des populations du Zimbabwe, elle apporte une caution politique autant qu’une aide économique.
Ce comportement compromet les politiques de développement qu’on tente d’appliquer à l’Afrique et qui reposent à ce jour sur l’annulation des dettes et la conditionnalité – la subordination de l’aide aux efforts de meilleure gouvernance. Si les banques chinoises ajoutent inconsidérément à l’endettement des pays, l’annulation des dettes est vidée de sa substance et de ses effets stabilisateurs. La Chine fait valoir que son aide ne vise pas à imposer ses propres valeurs aux autres États ou à s’ingérer dans leurs affaires intérieures.
La Chine a le droit d’investir en Afrique. Les risques qu’elle y prend donnent la mesure de ce qu’elle est disposée à lui offrir. Mais elle devrait respecter chez les autres les protections qu’elle commence à introduire chez elle. Les quarante-huit chefs d’État africains invités au sommet Chine-Afrique, les 4 et 5 novembre, à Pékin, auront là une excellente occasion de se féliciter de l’aide chinoise, mais en y ajoutant leur propre conditionnalité : le respect des Principes de l’Équateur.

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