Une « belle raclée » pour les jihadistes ?

Publié le 29 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Le 13 juillet, quarante-huit heures après avoir lancé un camion piégé contre une caserne de l’armée à Lakhdaria (70 km à l’est d’Alger), al-Qaïda au Maghreb islamique est à nouveau passé à l’offensive, cette fois à Yakouren, dans le massif du Djurdjura, toujours en Kabylie.
Une centaine de terroristes ont en effet pris d’assaut la brigade de gendarmerie locale et un cantonnement de la garde municipale. Leur objectif : vider les armureries des deux unités. Mais leur plan ne s’est pas déroulé comme prévu. Selon plusieurs témoins, les assiégés ont résisté toute la nuit du 13 au 14 juillet, donnant le temps à d’importants renforts – infanterie, aviation, troupes d’élite, etc. – d’arriver sur place. Au cours de ces premiers affrontements, quatre jihadistes ont été abattus. Et la retraite de leurs complices a tourné au cauchemar.
Bombardés sans relâche, ces derniers ont choisi de rester groupés et de se replier dans la forêt de Chaara. Fatale imprudence ! Totalement encerclés, ils ont opposé une résistance aussi farouche que vaine. Les militaires se sont emparés d’une série de casemates datant de la guerre de libération dans lesquelles al-Qaïda au Maghreb islamique avait installé l’un de ses QG. À l’heure où ces lignes sont écrites, la bataille n’était pas encore achevée.
D’ores et déjà, des ordinateurs, du matériel de transmission par satellite et divers équipements audiovisuels ont été récupérés : une mine de renseignements pour les services de sécurité. Le disque dur d’un micro-ordinateur a par exemple révélé qu’al-Qaïda s’apprêtait à tenir un « congrès régional », avec plus de cinq cents participants, dont la liste nominative a été découverte par les hommes de l’Antiterroriste. La forêt de Chaara abritait également un camp d’entraînement pour candidats jihadistes, algériens et étrangers.
Parmi les terroristes encerclés à Yakouren figurerait, selon la presse algérienne, Abdelqahar Benhadj, 20 ans, le fils de l’ex-numéro deux du Front islamique du salut (FIS). En février 2007, Ali Benhadj avait convoqué une conférence de presse, à Alger, pour dénoncer l’enlèvement de son rejeton par les services de sécurité. Deux mois plus tard, celui-ci était apparu dans un enregistrement vidéo diffusé sur Internet, en compagnie de deux jeunes Marocains. Abdelqahar y appelait les jeunes Maghrébins à rejoindre le jihad sous la bannière d’al-Qaïda. L’un des Marocains fustigeait pour sa part le régime « impie » de Mohammed VI.
Inquiet, Ali Benhadj, qui est aujourd’hui interdit d’activité politique après avoir purgé une peine de douze années de réclusion, s’est alors rendu en Kabylie pour s’enquérir du sort de son fils et s’assurer qu’il ne figurait pas parmi les vingt-quatre terroristes abattus à ce jour (selon un bilan officieux). Il n’en a pas eu le temps. Interpellé dans les environs de Yakouren, il a été relâché quelques heures plus tard. On ne sait toujours pas ce qu’il est advenu d’Abdelqahar Benhadj.
Aucun bilan officiel n’a encore été rendu public. Les autorités et les médias publics se montrent d’une rare discrétion. Certains spécialistes soutiennent qu’un nombre important de jihadistes se seraient rendus. Peu habitué à communiquer sur les questions sécuritaires, Abdelaziz Belkhadem, le Premier ministre, a quand même fini par lâcher une confidence à quelques journalistes. À l’en croire, « les terroristes ont pris une belle raclée à Yakouren ! »

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires