Rupture des pourparlers de paix

Publié le 29 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

« Nous ne voulons pas nous battre », clame Pasteur Habimana. Mais le porte-parole des Forces nationales de libération a bien du mal à convaincre. Pourquoi les vingt-huit cadres, militaires et civils, du FNL qui participaient à la mise en place de l’accord de cessez-le-feu avec le gouvernement auraient-ils quitté Bujumbura pour rejoindre le maquis si la rébellion n’avait pas l’intention de reprendre les armes ?
Le 24 juillet, Jean Berchmans Ndayishimiye, le chef des opérations militaires, a en effet faussé compagnie à son escorte sud-africaine. Quelques heures plus tard, il a été rejoint par ses compagnons. Depuis plusieurs mois, tous se trouvaient dans la capitale burundaise dans le cadre du Mécanisme conjoint de vérification et de suivi (MCVS) prévu par l’accord de cessez-le-feu du 7 septembre 2006. Mais à les en croire, « le gouvernement refuse de libérer les prisonniers politiques, de signer les accords techniques et l’accord politique dont nos leaders respectifs sont convenus, en juin ».
Du coup, ils refusent de revenir à la table des négociations tant qu’une conférence sur le Burundi n’aura pas été organisée, avec la participation de tous les pays d’Afrique centrale.
Aussitôt mises en alerte, les Forces armées burundaises (FAB) ont annoncé que le mouvement rebelle issu de la majorité hutue était en pleine campagne de recrutement, dans l’ensemble du pays. Ses effectifs sont actuellement compris entre 4 000 et 6 000 hommes. La dégradation du climat politique fait donc planer le spectre d’une relance d’une guerre civile, qui, depuis 1993, a déjà fait 300 000 morts. On n’en est heureusement pas encore là.
Reste que la crise politique en cours va bien au-delà de l’échec des négociations de paix avec le mouvement rebelle de Rwasa Agathon. Le plus grave problème, c’est le blocage des institutions. Mis en minorité au Parlement, le président Pierre Nkurunziza n’est pas parvenu à former un gouvernement comprenant des représentants désignés par l’opposition, comme l’exige la Constitution.
Ayant rejeté les conditions posées notamment par le Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu) et l’Union pour le progrès national (Uprona), il a été contraint, pour constituer son gouvernement le 13 juillet, de débaucher des personnalités de l’opposition – au grand dam de leurs partis respectifs.
Ancien rebelle devenu chef de l’État, Nkurunziza accumule décidément les ennuis. Son nouveau gouvernement est jugé anticonstitutionnel par l’opposition, son propre parti est divisé en factions rivales, et le Parlement gêne l’action gouvernementale. Et voilà que l’accord de cessez-le-feu se trouve menacé ! Pour mettre un terme définitif au conflit, faudra-t-il que la communauté internationale intervienne ?

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