Philippe Hayat
Entrepreneur et enseignant français
Publié le 29 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.
Offrir une idée claire du monde de l’entreprise avec un texte qui se lit en une heure : telle a été l’ambition de Serge et Philippe Hayat en écrivant L’Entreprise, un acteur clé de la société. Un livre qui s’adresse en priorité aux lycéens et aux étudiants. Comment fonctionne une entreprise et comment elle se crée ? Quelles sont les difficultés ? Autant de questions pour lesquelles les réponses se veulent concrètes, sans préjugé. Après avoir dirigé trois sociétés, Philippe Hayat, 42 ans, professeur à l’Essec, cherche avant tout à transmettre la culture d’entreprendre. Pour cela, il a également fondé l’association « 100 000 entrepreneurs » dont les patrons-bénévoles vont porter la bonne parole dans les écoles.
Jeune Afrique : Comment expliquez-vous que l’image de l’entreprise soit si controversée, notamment en France ?
philippe hayat : Jusqu’à présent, on ne parlait de l’entreprise qu’à travers les grands groupes, à l’occasion de malversations ou lors d’affaires comme celles des parachutes dorés. À présent, on commence à parler des 2,5 millions de petites et moyennes entreprises (PME). L’opinion découvre que le patron n’est pas forcément un exploiteur, qu’il construit l’avenir de l’entreprise avec ses collaborateurs.
Vous estimez donc que les Français ne sont pas hostiles ou réfractaires à l’esprit d’entreprise
Oui, l’esprit d’entreprise existe et il est encouragé. On compte aujourd’hui 300 000 créations d’entreprises par an, contre 180 000 en 2002. Il y a donc une réelle envie, mais il faut désamorcer la peur, expliquer le risque et donner des exemples de réussite. Actuellement, une PME sur trois meurt au bout de cinq ans, mais ce ratio est le même dans tous les pays développés. En revanche, on a toujours beaucoup de mal à faciliter la croissance des PME pour qu’elles puissent passer de 3 à 500 salariés.
Pour quelle(s) raison(s) ?
Tout d’abord, il faudrait un meilleur accès aux financements. Le deuxième problème concerne le code du travail. Que vous soyez une PME de 10 salariés ou Saint-Gobain, le code du travail est identique. Il est aussi compliqué d’embaucher, de licencier ou de former. Or si Saint-Gobain accuse une baisse de commandes pendant quelques mois, ce n’est pas très grave. La PME, elle, meurt. Le troisième handicap concerne nos difficultés à exporter.
Quel est votre sentiment sur la discrimination à l’embauche ?
Il est inutile de se voiler la face. La discrimination existe certes, mais tout le monde en a pris conscience. Toutes les entreprises du CAC 40 ont une personne chargée de la diversité. Par ailleurs, les responsables politiques se sont emparés du sujet. Les choses vont donc obligatoirement changer. En attendant, la meilleure façon de lutter contre ce phénomène, c’est de se doter de compétences qui vont répondre à un besoin. On va manquer d’ingénieurs, d’informaticiens, ou de commerciaux. Les secteurs du bâtiment et des travaux publics, l’hôtellerie, ainsi que la restauration sont aussi en recherche de main-d’uvre.
Comment jugez-vous les relations entre les écoles et les entreprises ?
En très net progrès. Les enseignants commencent à admettre qu’il est temps de préparer les élèves à la vie professionnelle. Les passerelles entre le monde scolaire et celui des entreprises sont de plus en plus nombreuses. C’est le cas avec notre association. On est accueilli dans les collèges et les lycées. C’était inenvisageable il y a cinq ans. On a fait 500 interventions au cours de l’année scolaire et il est prévu d’en faire 1 000 en 2007-2008.
Votre livre est aussi un bon outil de vulgarisation
Partout, des jeunes ont envie de se lancer mais ils ne savent pas comment. Nous apportons des réponses simples, valables aussi bien en France qu’en Afrique. Comment déceler une bonne idée ? Quelles sont les démarches à entreprendre ? Comment fonctionne une PME ? Bref, nous voulons démystifier le monde de l’entreprise. Les règles et le comportement de l’entrepreneur sont les mêmes partout.
