Électorat volatil

Publié le 29 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Il y a un net recul entre les législatives de 2002 et celles de 2007. La tendance est pire avec les municipales d’avril 2006. Le phénomène d’abstention est bien réel. » Pour Augustin Loada, professeur à l’université de Ouagadougou et président du Centre pour la gouvernance démocratique, cela ne fait aucun doute : la faible participation observée lors des dernières consultations au Burkina – aussi bien aux législatives qu’aux municipales – marque une érosion de l’électorat. Traditionnellement, plus d’un Burkinabè sur deux se rend aux urnes lors de la présidentielle. Pour désigner leurs députés et leurs maires, ils sont moins nombreux. Les élections locales d’avril 2006, pourtant censées entériner un nouveau découpage administratif et une meilleure représentation des communes rurales, n’ont mobilisé que 49,12 % d’électeurs.
Même cas de figure pour les législatives. Un constat d’autant plus surprenant que la participation des formations de l’opposition à ce scrutin permet aux électeurs d’exprimer plus clairement leur choix. Or à peine 35 % d’entre eux se sont déplacés à celles de mai 1992 et 45 % à celles de mai 1997. Dans ce paysage politique quelque peu morose, les législatives de 2002 ont marqué une vraie rupture, soulignant la réactivité du corps électoral face à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, en décembre 1998. Premières consultations organisées après ce tragique événement, elles ont mobilisé 64,16 % des électeurs, qui ont bien failli faire basculer l’Assemblée nationale dans l’opposition en lui attribuant 54 sièges, contre 57 pour la mouvance présidentielle. Mais hormis ce pic de participation, l’électorat burkinabè est par définition volatil. « Ce sont principalement les jeunes qui boudent les urnes », explique un observateur. Lors des législatives d’avril, au terme desquelles le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir) a remporté 73 des 111 sièges, la participation est tombée à 56,4 %, soit huit points de moins que 2002.
Omnipotence du CDP, méconnaissance de l’enjeu, mauvaise organisation des scrutins, lassitude, défiance, où plus globalement sentiment que les jeux sont joués d’avance Les raisons de cette frilosité électorale sont multiples. On pourrait penser que la conduite adoptée par l’opposition, qui participe aux consultations par intermittence, influe sur le niveau de participation des votes. Il n’en est rien. Pour preuve, la mobilisation observée au cours des trois dernières présidentielles. Au premier rendez-vous de Compaoré avec la présidentielle, seulement 25,1 % des Burkinabè avaient fait le déplacement en 1991. Ils étaient 56 % en 1998. Deux élections auxquelles l’opposition avait refusé de s’associer. Pour celle de novembre 2005, la participation est quasiment restée identique, à 57,5 %, alors qu’une douzaine d’adversaires du chef de l’État s’étaient portés candidats.

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