George W. est désolé

Publié le 29 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Le peuple m’a confié une responsabilité importante. Las, je n’ai pas répondu à ses attentes. J’ai laissé Dick Cheney diriger l’exécutif. Quand il s’est autodésigné candidat à la vice-présidence, comment n’ai-je pas deviné qu’il était assoiffé de pouvoir ? Comment ai-je pu le laisser prendre le contrôle de la présidence et y installer des marchands de mort ?
Je craignais tellement d’être traité de mauviette, comme le fut naguère mon père, que j’ai laissé Dick et Rummy [Donald Rumsfeld, l’ancien chef du Pentagone, NDLR] faire de moi une mauviette. Jamais je n’aurais dû laisser Dick comploter avec les lobbies du pétrole et refiler tous les contrats à Halliburton, son ancienne compagnie. Quand il m’a dépouillé de l’essentiel de mes prérogatives ou qu’il a balancé à la presse le nom de Valerie Plame, la jolie espionne de la CIA, j’aurais quand même dû avoir la puce à l’oreille !
Si au moins j’avais tenu ma promesse de mettre la main sur les salauds qui nous ont attaqués le 11 septembre 2001, je ne serais pas aujourd’hui en train de renforcer Oussama Ben Laden. Je sais qu’en accusant l’Irak d’entretenir des liens avec al-Qaïda j’ai seulement réussi à placer ce pays sous la coupe de cette même al-Qaïda. Je dois en convenir : ma guerre ratée contre le terrorisme a accru le terrorisme, renforcé l’Iran et rendu l’Amérique plus vulnérable. Ah ! oui, j’oubliais : au passage, j’ai aussi mis à mal l’armée américaine. J’en suis désolé.
J’ai porté atteinte à l’honneur de ma famille en négligeant les conseils de mes aînés, les doctes membres de l’Iraq Study Group. Parce que je ne voulais surtout pas donner l’impression de m’incliner devant les amis de mon père. Bon, d’accord, le Bureau ovale de la Maison Blanche n’est pas forcément l’endroit idéal pour une crise d’adolescence
Comment ai-je pu laisser Dick appeler à ses côtés Rummy-le-pantin, son meilleur ami, l’homme qui provoqua naguère la défaite de mon papa, laissa s’enfuir Oussama à Tora Bora, fit de l’occupation de l’Irak un désastre et sabota une tentative d’élimination des chefs d’al-Qaïda, parce que Pervez Musharraf était son protégé et que celui-ci, de son côté, protégeait les chefs d’al-Qaïda terrés dans les zones tribales du Nord-Ouest ? Et voici comment, ayant promis d’éliminer les dictateurs qui aident les terroristes, j’en suis réduit à soutenir un dictateur pakistanais qui aide les terroristes.
Désolé, mais je continue de soutenir que la situation en Irak ne peut que s’améliorer, grâce à notre présence là-bas. Il n’était sans doute pas très malin d’envoyer trente mille hommes en renfort à Bagdad, sachant que ça ne servait à rien, mais j’avais mes raisons : refiler le cadeau empoisonné à mon successeur. Bonne chance à Hillary Clinton !
© The New York Times et Jeune Afrique 2007. ?Tous droits réservés.

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