Du côté des mastodontes

Publié le 29 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Les lecteurs américains qui achètent des livres de Knopf, l’éditeur de Bill Clinton, sont probablement peu nombreux à le savoir : cette maison est une filiale du groupe allemand Bertelsmann. À Londres, beaucoup de gens ignorent que les ouvrages d’Octopus sont la propriété du français Hachette. Idem à Paris avec Flammarion, qui regroupe plusieurs marques très connues comme Arthaud, Aubier, Maison Rustique, Père Castor, J’ai Lu : cet ensemble a été racheté en 2000 par l’italien RCS (ex-Rizzoli). Sur le plan international, les groupes européens dominent ce qu’on appelle la littérature générale, catégorie regroupant les essais, les romans, les beaux-livres, les ouvrages pratiques, les albums pour la jeunesse, etc. Bref, les bouquins qu’on voit dans les vitrines des librairies et qu’on lit pour se divertir.
Et pourtant, comme le montre le classement publié par le magazine Livres Hebdo en juin dernier (n° 694), les groupes d’édition les plus importants dans le monde sont en majorité spécialisés dans les sciences et techniques, le droit, l’éducatif, le professionnel. La plupart d’entre eux sont anglo-saxons et ont développé une multitude de produits et de services numériques.
Géant parmi les géants, Reed Elsevier, basé à la fois à Londres, à Amsterdam et à New York, est le leader de l’édition professionnelle (science, médecine, droit, gestion). Il emploie 36 500 personnes pour quelque 200 implantations. En France, il est notamment présent avec Masson, Litec, Éditions scientifiques et musicales. Dans les hauteurs de ce hit-parade des mastodontes du livre, on trouve également le canadien Thomson, le néerlandais Wolters Kluwer, l’américain McGraw-Hill, eux aussi spécialistes de l’édition professionnelle.
Célèbre pour ses journaux économiques (le Financial Times au Royaume-Uni, Les Échos en France), le groupe britannique Pearson, deuxième du palmarès établi par Livres Hebdo, est, lui, le numéro un mondial du scolaire. L’allemand Bertelsmann, par ailleurs omniprésent dans les médias, est pour sa part le champion incontesté de l’édition généraliste à travers sa filiale Random House et sa division club (dont fait partie France Loisirs). Sa centaine de maisons produit presque 10 000 titres chaque année, en particulier aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne. Leader du livre en France, mais bien implanté aussi au Royaume-Uni, en Espagne et aux États-Unis, Hachette est le troisième mondial dans l’édition généraliste et le scolaire. Son rôle en Afrique dans ce dernier domaine est bien connu.
Malgré la domination de l’anglais, les éditeurs français font plutôt bonne figure. Ils sont six parmi les quarante-cinq groupes répertoriés par Livres Hebdo : outre Hachette Livre (1 975 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2006), on retrouve les groupes Editis (755 millions), Média Participations (293 millions), Lefebvre-Sarrut (263 millions), La Martinière (258 millions) et Gallimard (238 millions).
Le métier d’éditeur fait encore rêver. Mais, comme dans bien d’autres secteurs économiques, il s’exerce aujourd’hui essentiellement au sein de grands ensembles eux-mêmes parfois contrôlés par des fonds d’investissement, comme, en France, Wendel pour Editis. Certes, une structure comme Gallimard a conservé un caractère plus familial. Mais elle est quand même un regroupement de maisons (Denoël, Mercure de France, La Table Ronde), sans oublier Sodis, importante société de diffusion-distribution.
Dans le livre aussi, les concentrations sont inéluctables, l’un des derniers épisodes ayant été, en France, le rachat de Gründ par Editis en juin dernier.

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