Désertion des urnes

Publié le 29 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Les élections législatives du 3 juin ont enregistré le plus faible taux de participation de l’histoire politique du Sénégal. En dépit d’une mobilisation exceptionnelle du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir), d’une campagne agressive de sa tête de liste, Macky Sall, alors Premier ministre, et d’une intense campagne pour appeler les citoyens à voter, seuls 34,75 % des inscrits ont glissé leur bulletin dans l’urne. Pourquoi cette subite désertion des bureaux de vote ? Qu’est-ce qui s’est passé entre la présidentielle du 25 février et les législatives du 3 juin pour faire retomber si brutalement, de 33 %, la fièvre électorale entre ces deux échéances ?
D’abord, comme dans la plupart des démocraties, l’élection des députés suscite moins d’engouement que celle du président de la République. Le taux de participation aux législatives a toujours été relativement faible au Sénégal : de 40,74 % en 1993, il est tombé à 38,37 % en 1998. Bien souvent, les citoyens situent le cur du pouvoir au Palais et considèrent, non sans raison, l’Assemblée nationale comme une chambre d’enregistrement des décisions du chef de l’État.
Il y a ensuite le contexte dans lequel est intervenu le scrutin du 3 juin. Dès le lendemain de la présidentielle du 25 février, les prix des denrées de première nécessité ont flambé à Dakar et dans d’autres villes de l’intérieur du pays. Comme s’ils se sentaient trahis par le président Abdoulaye Wade, qu’ils venaient pourtant de plébisciter au premier tour avec 56 % des suffrages, les Sénégalais ont été déçus par les promesses non tenues. Un malaise inhérent à tout pays démocratique. En signe de protestation, expression du mécontentement oblige, mais aussi en guise de rappel à Wade des engagements qu’il avait pris lors de la campagne électorale de la présidentielle, ils se sont abstenus de se rendre aux urnes pour les législatives.
Le fort taux d’abstention s’explique enfin par l’importante mobilisation des partis de l’opposition autour du boycottage de la consultation. Les formations regroupées au sein du front Siggil Sénégal (« Relever la tête du Sénégal », en wolof) ont réussi leur pari : convaincre les Sénégalais de ne pas participer à des élections jouées d’avance. Elles ont également invoqué le refus du pouvoir de refondre le fichier électoral pour engager la bataille de la grève des urnes. Siggil Sénégal a relevé le défi, jetant ainsi une ombre sur la victoire de Wade à la présidentielle.

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