Courrier des lecteurs

Publié le 29 juin 2008 Lecture : 4 minutes.

Je pleure mon oncle
– « Mon fils, j’ai prévenu ton oncle que tu passerais lui rendre visite
– Maman, j’irai le voir quand j’aurai plus de temps, car je n’aime pas lui faire de simples visites de courtoisie. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre de lui concernant l’histoire du Congo-Brazzaville »
C’est ainsi que je répondais souvent à ma mère restée au pays lorsqu’elle me téléphonait pour une petite « piqûre de rappel » concernant l’unité familiale. Aujourd’hui, j’ai le cur serré et rempli de remords. Mon oncle Jean-Pierre Thystère Tchicaya n’est plus [voir dans ce numéro, p. 42, NDLR].
Je confie ma douleur solidaire aux colonnes de J.A. parce que cet hebdomadaire est le trait d’union entre l’Europe et l’Afrique, et parce que je sais que des milliers d’enfants des quartiers populeux de l’OCH à Brazzaville, et de Mvouvou à Pointe-Noire, pour qui Jean-Pierre Thystère Tchicaya était un père, lisent J.A. et sont aujourd’hui, comme moi, en deuil.
De l’oncle défunt, je garde en mémoire les conseils d’unité, de fraternité et d’entraide. De l’homme politique, je retiens l’idéal que la colombe de la paix ne brûle jamais sur les flammes des plates-formes pétrolières de notre Kouilou natal (sud du Congo-Brazzaville), ce qui est aussi la profession de foi de son parti, le Rassemblement pour la démocratie et le progrès social (RDPS).
Que l’âme du « Grand » (« U’kulumtu »), comme l’appelaient les vieux sages du Kouilou, repose en paix !
Patrick Tchicayat, Sevran, France

Un héros qui ne fait plus rêver
– Pour nous jeunes Africains, Robert Mugabe est considéré comme un héros car il nous a fait rêver. En effet, c’est grâce à une chanson de Bob Marley que j’ai entendu pour la première fois le nom du Zimbabwe. Et c’est après que j’ai su que ce pays devait son indépendance à un vaillant leader nationaliste du nom de Mugabe. Mais un héros a-t-il conscience de ses devoirs ? Son entourage peut-il le lui rappeler ?
Aujourd’hui, pour s’être aliéné l’Occident – en un remake du combat entre le pot de terre et le pot de fer -, le pays est au bord du gouffre. À quoi cela sert-il à Mugabe de s’accrocher au pouvoir alors qu’il n’a plus le contrôle de l’économie de son pays ? Pour préserver son capital de sympathie, ne valait-il pas mieux pour lui qu’il s’abstienne de se présenter à l’élection ? Un héros doit toujours faire rêver
Léon Okori, enseignant, Libreville, Gabon

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Le monde est une jungle
– Quand on sait les tensions actuelles entre les autorités de Kinshasa et celles de Bruxelles (les premières sont tentées de rompre leurs relations avec les secondes, comme Kigali l’a fait avec Paris), le timing de l’arrestation de Bemba en Belgique soulève bien des questions. Tôt ou tard, la vérité sur cette arrestation sera connue, car je ne crois pas – et je ne suis pas le seul – à la thèse du mandat d’arrêt tenu secret, qui aurait été exécuté au moment où Bemba pouvait fuir. D’ailleurs, où aurait-il bien pu aller ?
Dans ce monde coupé en deux – d’un côté les plus riches et, de l’autre, les pauvres -, l’instauration d’une justice pour tous est une utopie. Qui traduira un jour en justice le général Sharon pour crimes de guerre (à Sabra et Chatila) ? Personne. Alors, on nous sort des Germain Katanga, des Mathieu Ngudjolo, des Thomas Lubanga avec beaucoup de tapage médiatique Autre exemple d’injustice, le général de Gaulle et ses compagnons ont été vénérés toute leur vie comme des résistants à l’occupation allemande, alors que les dirigeants du Hezbollah libanais – une organisation née pour résister à l’occupation par Israël du Sud-Liban – sont considérés comme des criminels terroristes Notre monde est une jungle ou règne et régnera toujours la loi du plus fort !
Jean M. Kazadi, Lynn, Massachusetts, États-Unis

Hymen : en avoir ou pas
– Je suis sidérée par les articles « Le juge, l’hymen et les donneurs de leçons » et « Vain tumulte » (J.A. n° 2474, pp. 54 à 56). Cette affaire remet en question le droit des femmes par le simple fait que le verdict fait jurisprudence. Dorénavant, tout couple pourra faire annuler son mariage pour mensonge du conjoint sur sa virginité.
Juger la virginité comme qualité essentielle, c’est mettre de nouveau la femme sur la sellette, la montrer du doigt, la marquer au fer mais aussi la rabaisser, la faire disparaître. Parler de la virginité d’une femme, c’est l’attaquer dans son intégrité. Ce petit bout de peau que certaines ont, n’ont plus ou n’ont jamais eu est un fait discriminant. En avoir ou pas, voilà ce qui a déterminé la vie des femmes depuis des siècles. La virginité comme l’étendard du bonheur. Comment de nos jours peut-on entendre des propos aussi saugrenus ? Arrêtons ces pratiques d’un autre âge. Le sexe des femmes n’appartient pas aux hommes. Fi de la religion et de la tradition : la femme n’a pas à se justifier de la vie qu’elle mène. Et ce à quiconque.
Dorothée Deveaux, par courriel

Archaïsmes modernes
– J’ai lu le « Ce que je crois » de Béchir Ben Yahmed intitulé « Archaïsmes et modernité » (J.A. n° 2475). Dans la rubrique « Longévité au pouvoir », je m’empresse de vous signaler qu’il manquait Paul Biya, le président du Cameroun, au pouvoir depuis vingt-six ans. De même, Yoweri Museveni, qui s’est installé aux commandes de l’Ouganda en 1986. Quant à Robert Mugabe, il dirige le Zimbabwe depuis vingt-huit ans déjà C’est vrai qu’avant de devenir président, il était Premier ministre et Canaan Banana président. Mais en tant que Premier ministre, c’est lui qui avait tous les pouvoirs. Autre omission : Hosni Moubarak (au pouvoir depuis 1981 en Égypte) et Ben Ali (vingt et un ans de présence à la tête de la Tunisie) Longue vie à J.A. !
J.J.Arthur, Londres, Royaume-Uni

Réponse
Merci de votre vigilance. Nos lecteurs en profiteront.
Béchir Ben Yahmed

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