Un film au secours de l’ONU

Publié le 29 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Alors que le secrétaire général de l’ONU se bat contre le Congrès et le gouverneur de l’État de New York pour obtenir l’autorisation de rénover les bâtiments décrépits du siège de l’organisation, ceux-ci n’ont jamais semblé aussi majestueux, au moins au cinéma. Pour son dernier film, The Interpreter, Sydney Pollack redonne du lustre aux courbes des couloirs, à la rotonde de l’Assemblée générale et à l’allure longiligne du bâtiment. Sa caméra s’attarde aussi au Salon des délégués, avec gourmandise, se dit-on : Hitchcock avait dû reconstituer l’endroit en studio pour La Mort aux trousses, tandis que Pollack, lui, vient d’être le premier autorisé à tourner aux Nations unies.

« Le film donne un bon aperçu de ce que fait l’ONU. Ça nous aide à montrer au grand public comment les Nations unies fonctionnent », se réjouit Ari Gaitanif, au bureau du porte-parole. Par grand public, comprendre l’opinion américaine.
À l’ONU de Sydney Pollack, il n’est pas question des scandales qui ont terni l’image de l’institution ces derniers mois. Rien d’étonnant : c’est au vu du projet de scénario que Kofi Annan a accordé son accord au réalisateur. « Je crois en cet endroit, je crois en ce qu’il essaie d’accomplir », répète Nicole Kidman, dans le rôle d’une interprète meurtrie par la situation dans son Moboto natal, un pays fictif d’Afrique. « C’est le seul endroit qui puisse faire changer la situation », dit-elle encore. Dans le film, un dictateur calqué, semble-t-il, sur le Zimbabwéen Robert Mugabe cherche à échapper à une comparution devant la Cour pénale internationale.

la suite après cette publicité

L’attention de Hollywood remonte le moral des troupes. L’ambassadeur espagnol aurait même proposé de jouer dans le film. Au printemps 2004, lorsque l’équipe de tournage a indiqué au personnel et aux missions des pays membres qu’on avait besoin de figurants pour remplir l’Assemblée générale fictive, des centaines de volontaires étaient là à 6 heures du matin pour les tournages du week-end. « Dans la vraie vie, l’Assemblée générale n’est jamais aussi remplie de délégués aussi attentifs », plaisante une figurante.

S’il redore les idéaux de l’ONU, le film joue avec quelques cordes sensibles aux États-Unis. « La proposition française est un casse-tête diplomatique pour nos deux pays », fait valoir la déléguée américaine aux représentants du Moboto. Quand un délégué prend la parole, il est souvent français, comme si l’ONU était une caisse de résonance de la politique française (quant au journaliste à la mission trouble, il est lui aussi français… correspondant du Figaro). Quand Sean Penn présente à la volée son badge d’agent secret aux gardiens de l’ONU, ceux-ci l’arrêtent pour lui faire suivre les procédures ordinaires : « Vous n’êtes plus ici sur le territoire américain. » Le New York Sun, le quotidien conservateur de New York, qui proposait récemment de construire un stade sur l’emplacement des Nations unies, n’a pas pu s’empêcher de titrer sa critique : « Nouveau scandale aux Nations unies ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires