Paul Wolfowitz met le cap sur l’Afrique

Publié le 29 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

« L’Afrique, et plus particulièrement les populations les plus pauvres, seront la priorité numéro un de la Banque mondiale », affirme Paul Wolfowitz, qui prendra la présidence de l’institution le 1er juin prochain. Il est conscient que l’Asie et l’Amérique latine méritent également l’attention de la Banque, dont la mission principale est de réduire la pauvreté dans le monde. « Mais l’Afrique est la région qui est restée le plus à l’écart du progrès », insiste-t-il. Pour lui, deux arguments caractérisent l’urgence de la situation : « La pauvreté ne cesse de gagner du terrain. Et la situation sanitaire est des plus alarmantes. » Il ajoute que « le sida et le paludisme, qui sont aussi de graves problèmes de santé ailleurs dans le monde, prennent des allures de catastrophe en Afrique ». À la fin de juin 2004, la Banque avait engagé 16,6 milliards de dollars en Afrique subsaharienne, pour l’essentiel des prêts à très long terme et à taux d’intérêt nul. Paul Wolfowitz veut prendre rapidement des mesures pour que les financements soient encore plus importants, mais il pose aussi ses conditions : « L’accroissement des ressources ne servira à rien si, en parallèle, aucun effort n’est fait pour combattre la corruption, garantir la transparence des finances publiques, développer le secteur privé et ouvrir les marchés à la concurrence. »

Le fait qu’il s’intéresse autant à l’Afrique, et moins au Moyen-Orient, marque la transition avec la fonction qu’il occupait au Pentagone. En tant que secrétaire adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz a été l’un des architectes de la guerre en Irak. C’était un faucon. Le voilà devenu « fonctionnaire international », selon ses propres termes, à la tête d’une institution qui regroupe 184 nations, emploie 10 000 personnes à travers le monde et attribue 20 milliards de dollars de prêts chaque année. En mettant ainsi l’accent sur les questions africaines, Wolfowitz s’aligne sur les positions de plusieurs dirigeants européens. En ce moment, en Europe, l’on discute beaucoup des moyens de sortir l’Afrique de la spirale infernale des difficultés. Le Royaume-Uni, en particulier, qui accueille bientôt le sommet du G8, veut que les nations les plus riches s’engagent à payer les intérêts de 40 milliards de dollars empruntés auprès de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement par les pays pauvres, dont la plupart sont africains. Le jour de sa nomination, Paul Wolfowitz a tenu à téléphoner aux ministres des Finances d’Afrique du Sud et du Nigeria. Quelques jours plus tard, il a rencontré un groupe d’officiels africains et s’est dit frappé par l’importance qu’ils accordent aux questions de bonne gouvernance : « C’est très encourageant. Pour moi, il est clair que les contribuables des pays riches veulent savoir à quoi sert leur argent et qu’ils seront encore plus exigeants sur cette question si nous augmentons les ressources à destination de l’Afrique. »

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