Or en stock

Quatrième producteur africain de métal jaune, le pays dispose de réserves conséquentes. Il prévoit une nouvelle hausse de ses exportations dès 2005.

Publié le 29 mai 2005 Lecture : 3 minutes.

A Bamako, la rumeur se répand comme une traînée de poudre : le fleuve Niger, qui traverse la capitale, charrie des pépites d’or. Un don du ciel en cette période de grande sécheresse. De tout le Mali affluent des chercheurs improvisés qui envahissent les rives. Le vieux Ladji fait venir du village son neveu Fangatigui et lui demande de ramener, coûte que coûte, de petites pierres jaunes. Hélas ! on finira par se rendre compte qu’il ne s’agissait que d’une vaste supercherie… Le roman de Moussa Konaté, L’Or du diable, publié en 1985 chez L’Harmattan, illustre bien la soudaine frénésie qui s’empare de toute une population lorsqu’elle croit trouver son salut dans le précieux métal.
Vingt ans plus tard, les apprentis chercheurs d’or ne courent plus les rues de la capitale malienne… La production artisanale, assez marginale, représente environ 7 tonnes par an. La filière aurifère a néanmoins connu un essor considérable lors de la libéralisation économique qui a suivi la chute du régime dictatorial de Moussa Traoré, en 1991, et la fermeture de la Société nationale de recherches et d’explorations minières (Sonarem), une structure appuyée par la coopération soviétique. Avec l’ouverture aux capitaux privés, les grands groupes sud-africains se sont lancés dans l’aventure pour exploiter les mines au sud et à l’ouest du pays. La production a fortement progressé, mais reste encore erratique du fait de la teneur irrégulière des filons exploités et du tarissement de certains blocs de Morila, le gisement le plus important. Elle est passée de moins de 30 tonnes en 2000 à près de 66 tonnes en 2002, avant de redescendre sous la barre des 50 tonnes en 2003 et 2004. Le Mali est toutefois devenu le troisième producteur du continent, avant de repasser en quatrième position, derrière l’Afrique du Sud, le Ghana et la Tanzanie. En 2005 et 2006, les extractions devraient augmenter avec l’ouverture de quatre nouvelles mines (Tabakoto, Kodieran, Loulo et Kalana). La capacité du complexe industriel de Morila devrait, par ailleurs, passer de 260 000 à 350 000 tonnes/mois pour permettre le traitement des minerais pauvres.
Toute la production nationale est actuellement commercialisée à l’étranger. Elle représente 60 % des recettes d’exportation pour une valeur de 279 milliards de F CFA en 2004 (425 milions d’euros). Le métal extrait est transformé en lingots bruts dans les usines de retraitement de chaque mine, la vente sous forme de pépites étant interdite à l’export. Les lingots sont ensuite raffinés en Suisse ou en Afrique du Sud.
Persuadées de la richesse de leur sous-sol, les autorités voient néanmoins beaucoup plus loin. « Les possibilités de prospection sont nombreuses. Pour preuve, une centaine de permis de recherche ont été attribués sur tout le territoire. Même dans les mines déjà exploitées, les réserves augmentent. De nouvelles sociétés étrangères investissent le marché comme le canadien Nevsun et l’anglais Avnel Gold », indique une étude de la mission économique de l’ambassade de France à Bamako. Les estimations de réserve, 500 tonnes en 2002, devraient être bientôt revues à la hausse.
En 1991, les autorités ont adopté un code minier qui a été remanié en 1999. Les investisseurs bénéficient d’un régime fiscal avantageux lors de la signature des concessions minières. Les entreprises pourvoyeuses de capitaux et de projets industriels sont exonérées de droits de douane à l’importation et d’impôt sur les bénéfices lors des cinq premières années d’exercice. Ce cadre juridique a permis d’accroître les recettes publiques en éliminant la plupart des avantages fiscaux et douaniers en phase d’exploitation et en garantissant à l’État le paiement d’un dividende prioritaire. Ainsi, la production d’or a rapporté aux pouvoirs publics plus de 45 milliards de F CFA en 2004.
Du fait de l’instabilité du prix de l’or, le gouvernement envisage une diversification de ses ressources minières et ne manque pas de rappeler aux opérateurs les possibilités qu’offrent le phosphate ou le lithium. Il souhaite également promouvoir le raffinage de l’or in situ pour accroître la valorisation de la production. Cependant, ce projet nécessite d’importants investissements que seules les multinationales semblent en mesure d’effectuer. L’Afrique du Sud a proposé d’implanter une usine de raffinage pour toute l’Afrique de l’Ouest, mais elle se heurte au refus des principaux États intéressés qui espèrent que des opérateurs nationaux se lanceront dans la transformation.

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