Le ballon ne tourne pas rond

Valse des ministres de tutelle, démissions en série à la tête de la Fédération : les structures dirigeantes du football sont en crise depuis cinq ans.

Publié le 29 mai 2005 Lecture : 3 minutes.

Le football égyptien est malade. Il souffre depuis bientôt six ans d’une instabilité aiguë au niveau de sa direction. D’août 1999 à avril 2005, il a « consommé » quatre fédérations et quatre ministres. En février 2004, les joueurs de la sélection nationale quittent la Tunisie la tête basse : ils ont été éliminés dès le premier tour de la Coupe d’Afrique des nations. Critiqué avec virulence pour sa gestion, le bureau de la Fédération égyptienne de football (FEF) que préside le général Harb al-Dahshoury démissionne le 2 mars. Le ministre de tutelle, Alieldin Hilal, nomme un bureau provisoire avec, à sa tête, le journaliste du quotidien Al-Ahram Essam Abdelmoneim. Il promet la tenue d’une assemblée générale élective en septembre. La Fifa, qui ne reconnaît pourtant pas de structure nationale non issue d’élections, accepte cet engagement.
Le 15 mai 2004, à Zurich, Alieldin Hilal et Essam Abdelmoneim plaident devant le gouvernement de la planète foot en faveur de la candidature de leur pays à l’organisation de la Coupe du monde 2010. Peine perdue : l’Égypte ne recueille aucune voix ! Un échec cinglant qui déstabilise le football égyptien et entraîne la mise en accusation, pour incompétence et gabegie financière, de plusieurs hauts dirigeants. Les élections de la FEF sont ajournées. La Fifa accorde une nouvelle échéance : le 31 décembre.
En septembre, le ministre Alieldin Hilal est limogé. Lui succède un homme de lettres peu versé dans le sport, Anas al-Fiqi. Celui-ci sollicite la Fifa et demande de pouvoir maintenir en place le comité Abdelmoneim jusqu’en… juillet 2006, c’est-à-dire cinq mois après la CAN 2006 que l’Égypte accueille en janvier ! « Inacceptable ! » lui répond le président Joseph Blatter, qui consent toutefois une nouvelle rallonge de trois mois et exige la présentation d’un projet de statuts avant la tenue des élections. Et pour cause ! La FEF, fondée en 1921 et admise à la Fifa en 1923, n’a pas de statuts ! Elle fonctionne depuis quatre-vingt-quatre ans par simples décrets royaux ou présidentiels.
Le comité Abdelmoneim s’exécute et adresse en décembre une copie de son projet à la Fifa qui l’annote et la retourne au Caire. Une deuxième version est rédigée. Elle est agréée en février 2005. Une assemblée générale de la FEF se réunit le 28 mars au Caire. Elle fixe le nombre d’électeurs à 40 (tous les clubs des divisions I et II), élargit les conditions d’éligibilité à tous les représentants de la société civile, notamment les hommes d’affaires et les capitaines d’industrie, et opte pour le scrutin à bulletin secret conformément aux règlements de la Fifa. Initialement programmé pour le 20 mai, le vote est reporté au 3 juin.
Entretemps, le ministre Anas al-Fiqi a permuté avec son collègue de l’Information Mamdouh al-Beltaguy. Celui-ci, sous la pression de nombreux parlementaires, décide, par arrêté, de porter le nombre des électeurs de 40 à 84, de restreindre l’éligibilité aux postes de président, vice-président et trésorier aux seuls anciens joueurs et de maintenir le vote par procuration. S’estimant désavoué, le comité Abdelmoneim démissionne le 18 avril et en appelle à l’arbitrage de la Fifa.
Al-Beltaguy désigne un nouveau bureau provisoire, dont il confie la présidence à l’ancien manager de l’équipe d’Égypte, Mohamed Abdou Saleh al-Wahsh. La Fifa réagit : elle exige la mise en application des décisions de l’assemblée de la FEF du 28 mars et prévient qu’elle ne reconnaîtra pas une fédération élue en non-conformité avec ses règlements. Le ministre fait convoquer pour le 20 mai une assemblée extraordinaire qui va abonder dans son sens. À l’occasion du congrès électif fixé au 10 juin, 84 clubs participeront au vote. Ne pourront postuler aux postes de vice-président et de trésorier que les anciens footballeurs. Le scrutin sera à bulletins secrets.
Trois candidats briguent la direction de la FEF. Les revenants Samir Zaher – il avait démissionné en août 1999 à la suite de la défaite de l’Égypte face à l’Arabie saoudite (5-1) en Coupe des Confédérations – et Harb Al Dahshouri, ainsi que l’homme d’affaires Hadi Fahmy, qui est établi en Italie.

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