Horizon 2007

Publié le 29 mai 2005 Lecture : 3 minutes.

« L’unanimisme qui entoure la personne du président de la République risque d’éclater, dans les mois à venir. » La réflexion de cet observateur avisé de la vie politique malienne sonne comme un glas pour le consensus qui caractérise la gestion des affaires publiques depuis l’élection d’Amadou Toumani Touré – ATT pour ses administrés -, en mai 2002. Mais ce dernier n’a pas encore fêté le troisième anniversaire (le 8 juin 2005) de son installation à Koulouba, nom de la colline où se trouve le palais du chef de l’État, que la classe politique se prépare d’ores et déjà à la présidentielle de mai 2007. La rue, elle, bruisse de rumeurs. Si la volonté d’ATT de briguer un second mandat ne semble pas faire l’ombre d’un doute, l’opinion se demande qui pourrait être son rival. La quasi-totalité des partis politiques est représentée au gouvernement dirigé par Ousmane Issoufi Maïga, qui revendique le statut de « technocrate ». Les battus du premier tour, en avril 2002, sont aujourd’hui ministres pour les uns, président de l’Assemblée nationale, pour l’autre. Quant à son principal rival, Soumaïla Cissé, candidat investi par l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), qui l’avait contraint à un second tour, il préside actuellement la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), à Ouagadougou. Son mandat devrait expirer en janvier 2007. Il pourrait tenter à nouveau l’aventure, puisqu’il sera libre à temps. Reste à savoir si l’Adéma est prête à lui faire de nouveau confiance. Rien n’est moins sûr.

Le parti créé en 1991 par Alpha Oumar Konaré est moins homogène que jamais. On y relève trois tendances. La première, convaincue que le deuxième mandat d’Amadou Toumani Touré est acquis et que le scrutin n’est qu’une formalité, milite pour que l’Adéma soutienne le président sortant. Ce courant préfère se placer dès à présent dans la perspective de l’élection de 2012. La deuxième tendance privilégie une présence de l’Adéma dans le scrutin à travers une candidature de Boubèye Maïga, ancien journaliste, ex-patron des services de sécurité et ministre de la Défense du temps d’Alpha Oumar Konaré. Quant à la troisième tendance, elle travaille pour la tenue de primaires devant départager la candidature de Boubèye Maïga et celle de Mandé Sidibé, ancien Premier ministre, dont on annonce le retour sur le devant de la scène.

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L’Adéma n’a pas l’exclusivité d’une démarche hésitante. Les autres partis ne semblent pas plus avancés, hormis le Rassemblement populaire malien (RPM, dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta, le président du Parlement) qui affiche sa détermination d’investir IBK en 2007. En revanche, il semble acquis que le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR, de Choguel Maïga, actuel ministre de l’Industrie) et la Convention nationale de l’initiative démocratique (Cnid, de Me Mountaga Tall) apporteront leur soutien à un nouveau mandat pour ATT. La société civile ne semble pas hostile à ce qu’ATT rempile. Sur ce sujet, les milieux d’affaires et les syndicats semblent synchrones : ils affirment que le président de la République a besoin de temps pour achever ses réformes économiques. Leur argument ? « ATT a certes réussi à établir un consensus, mais on ne peut pas dire qu’il a eu la baraka avec les événements de Côte d’Ivoire et leurs fâcheuses conséquences sur notre économie. Donnons-lui l’occasion de montrer ce qu’il sait faire. » Quant aux jeunes, sans doute les plus pressés des électeurs, ils évitent d’accabler ATT de tous leurs maux quotidiens, non pas qu’ils lui accordent encore un état de grâce, mais parce qu’ils sont convaincus que la solution de leurs problèmes ne se trouve ni à Koulouba ni au siège de la primature, mais ailleurs, sous d’autres cieux plus cléments. L’urne est sans doute trop exiguë pour leurs rêves.

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