Les Chinois jouent avec le feu
Publié le 29 avril 2007 Lecture : 1 minute.
Le 24 avril, lors d’une attaque lancée par le Front national de libération de l’Ogaden
(ONLF) contre un site pétrolier dans l’est de l’Éthiopie, 74 personnes ont trouvé la mort. Parmi elles, 9 Chinois (6 autres ont été enlevés) employés par la compagnie Zhongyuan. Cette filiale de Sinopec s’est implantée dans la région en mars 2006. Un mois
plus tard, le mouvement séparatiste a averti qu’il s’opposerait à toute exploration
pétrolière tant que le droit à l’autodétermination des populations ne serait pas reconnu.
« À vouloir s’installer là où personne ne va, les Chinois en subissent les conséquences, explique Valérie Niquet, directrice du centre Asie de l’Institut français de recherche
internationale (Ifri). Ils apparaissent de plus en plus comme une puissance occupante et suscitent l’hostilité ». « Ils sont devenus des colonialistes », résume Abderahman Mahdi,
représentant à l’étranger de l’ONLF. Même si les victimes chinoises n’ont pas été prises pour cible en raison de leur nationalité, Pékin joue bel et bien avec le feu.
Ce fut déjà le cas au Sud-Soudan, où la Chinese National Petroleum Corporation (CNPC) s’est implantée en 1997, alors que la guerre n’était pas encore terminée, pour exploiter
le gisement de Muglad. Dix ans plus tard, la moitié de la production locale d’hydrocarbures prend la direction de la Chine. En Angola, de premiers contacts ont eu lieu avec les autorités dès la fin des années 1990, alors que les armes ne s’étaient pas
encore tues. Depuis 2003, les échanges commerciaux entre les deux pays ont doublé. Au Nigeria, dans le delta du Niger, des salariés de majors américaines et européennes sont périodiquement pris en otages. Cela n’empêche pas les Chinois d’annoncer des investissements records dans le pays. « Si ce genre d’incident venait à se multiplier, les Chinois pourraient être amenés à reconsidérer leur présence », estime Valérie Niquet. Choisiront-ils de partir ou de conclure des accords de défense afin de sécuriser leurs investissements et leurs approvisionnements ?
