Chassez le naturel

Publié le 29 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Le vrai problème avec Wolfowitz, c’est que c’est un idéaliste à tous crins incapable de se rendre compte que le prix à payer pour ses idéaux peut être trop élevé, ou qu’ils peuvent faire plus de mal que de bien. Personne ne prétend que les idéaux de Wolfowitz ne sont pas valables. Ce serait très bien que l’Irak devienne une démocratie comme les États-Unis. Ce serait encore mieux si cela pouvait transformer le Moyen-Orient tout entier à notre image. Et pourtant, l’occupation de l’Irak n’aboutira ni à l’un ni à l’autre. Ce serait aussi une bonne chose si l’on pouvait éradiquer la corruption mondiale, et il serait stupide de nier que la Banque mondiale a besoin d’un petit coup de jeune.

Et pourtant, de même qu’un homme mieux avisé aurait pu comprendre que faire la guerre en Irak n’était pas justifié si l’on n’y trouvait pas d’armes de destruction massive, Wolfowitz aurait pu se dire que la manière cavalière dont il traitait communément ses
collaborateurs et son conseil d’administration pouvait compromettre la réalisation de ses objectifs à la Banque mondiale.
Un homme mieux avisé aurait pu comprendre que suspendre les prêts à des pays comme l’Inde et le Kenya sous prétexte de corruption sans en parler à ses conseillers risquait de mettre à mal sa mission de réduction de la pauvreté.
Un homme mieux avisé aurait pu comprendre que suspendre l’aide à l’Ouzbékistan parce que ce pays avait expulsé les troupes américaines risquait d’apparaître comme une mauvaise manière de la puissance américaine à l’égard d’une organisation d’aide internationale.
Tel il était au Pentagone, tel Wolfowitz s’est retrouvé à la Banque : avec l’arrogance, l’hubris et l’habitude des néoconservateurs de n’écouter qu’eux-mêmes et d’imposer le point de vue américain.

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Un homme mieux avisé aurait pu comprendre qu’ignorer les experts de la Banque mondiale, les membres du conseil d’administration et le personnel pour n’en faire qu’à sa tête et s’appuyer sur des acolytes amenés avec lui du Pentagone n’était peut-être pas la meilleure manière de faire avancer les travaux de la Banque.
Le plus étonnant serait qu’on lui offre une nouvelle chance de donner libre cours à son
clanisme, surtout si l’on pense qu’il a été l’architecte d’une stratégie désastreuse au Pentagone. Si le caractère, c’est le destin, il y a alors un lien direct entre l’échec de Wolfowitz au Pentagone et son échec à la Banque mondiale. Il faut se méfier des
idéalistes qui sont si sûrs de leur talent et de leurs idées qu’ils ne voient pas le mal qu’ils font.

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