Une nouvelle révolution : le téléphone !
De manière croissante, y compris sur le continent, le réseau informatique mondial est utilisé pour les communications téléphoniques.
Publié le 29 janvier 2006 Lecture : 3 minutes.
« C’est gratuit. » La possibilité d’accéder à une multitude d’informations sans débourser un centime a fait la magie d’Internet à ses débuts. Il est bien question de sorcellerie puisque les promesses du Web ont réussi à gommer la réalité du prix de l’ordinateur, du modem et de l’abonnement à un fournisseur d’accès ! Sur cette équation d’un nouveau genre se sont construites en Afrique des activités plus ou moins officielles et rémunératrices, dont les cybercafés sont le meilleur exemple.
Un phénomène similaire se produit à nouveau. Il s’agit du « téléphone gratuit ». Il est rendu possible par une technologie nommée VoIP, pour Voice over Internet Protocole, la téléphonie sur Internet. Au lieu de transiter par la ligne téléphonique classique, la communication est numérisée et s’échange directement entre deux ordinateurs. Elle échappe donc au contrôle de l’opérateur de télécoms et à ses services de facturation. La perspective séduit, bien sûr, les consommateurs et, pour les satisfaire, un nombre croissant d’entrepreneurs. Ils exercent bien souvent dans le domaine de l’informel puisque la VoIP n’est légale que dans un nombre restreint de pays, dont l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Égypte, le Kenya et Maurice. Les opérateurs historiques de télécoms qui sont encore en situation de monopole sur les liaisons avec l’international font pression sur leurs autorités de tutelle pour limiter la casse sur cette partie de leur chiffre d’affaires.
Ils auront pourtant fort à faire pour résister au phénomène Skype, qui fait ses premiers pas sur le continent. Skype est un logiciel qui permet de téléphoner gratuitement sur Internet entre deux ordinateurs qui en sont équipés. Il utilise un modèle nommé peer-to-peer (« d’égal à égal »), dans lequel chacun met son ordinateur à la disposition des autres pour créer un réseau virtuel. En somme, plus Skype compte d’adhérents, plus grand est le nombre de villes ou de pays où il peut acheminer une communication. Ce qui explique qu’en dix-huit mois il a conquis 25 millions d’utilisateurs dans le monde. Ils devraient être entre 140 millions et 250 millions à la fin 2008. En Afrique, les consultants de Balancing Act dénombraient un peu plus de 3 000 adeptes à la fin 2005. Il n’est pas certain que ce nombre augmente aussi rapidement qu’ailleurs, puisqu’il est préférable de disposer d’une connexion à haut débit pour garantir une meilleure qualité de communication. Mais le haut débit est disponible dans un nombre croissant de cybercafés, qui trouvent là une nouvelle raison d’être, de croître et de se multiplier. D’autant que Skype permet également d’appeler un numéro de téléphone. C’est payant, mais raisonnable : 1 euro pour une heure de communication entre Paris et Dakar !
En attendant la généralisation en Afrique de la téléphonie grand public sur Internet, il est un domaine où elle fait merveille, celui des entreprises de petite et moyenne taille. Il leur suffit d’installer un seul réseau pour relier ordinateurs et téléphones. La notion de convergence entre les technologies de l’information et de la communication trouve là une application on ne peut plus concrète : le téléphone branché à ce réseau peut emprunter certaines de ses fonctions à l’ordinateur, donnant naissance à une nouvelle génération de terminaux téléphoniques (voir ci-dessous). Premier à avoir misé sur la VoIP dans l’entreprise, l’américain Cisco tire aujourd’hui les premiers fruits de ce pari. Sur son dernier exercice fiscal, clos en juin 2005, les ventes de cette activité ont progressé de 27 %, à 1,2 milliard de dollars, plus rapidement que le chiffre d’affaires d’ensemble, en hausse de 12,5 %, à 24,8 milliards de dollars. Cisco a, depuis, signé d’importants contrats avec British Airways (14 000 postes de téléphone) et Airbus (40 000), confirmant que la VoIP devrait être son principal vecteur de croissance dans les années à venir. Preuve que le « gratuit » fait vivre bien des gens !
