Profession de foi papale

Publié le 29 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Le pape Benoît XVI a publié, le 25 janvier, sa première encyclique intitulée « Deus caritas est » (Dieu est amour). Rédigée dans un style limpide, abordable par tous – ce qui n’était pas toujours le cas de celles de son prédécesseur Jean Paul II -, elle est à la fois une méditation théologique et un texte pédagogique. Contrairement à la tradition, ce n’est pas le discours-programme de son pontificat. Celui-ci avait été délivré devant la Curie romaine, le 23 décembre 2005, date anniversaire de la conclusion du concile Vatican II. Le pape y avait donné sa vision du rôle de l’Église, expliquant en substance qu’elle n’avait pas à être interpellée par le monde sur les questions de société, mais devait plutôt rester fidèle à son rôle traditionnel, moral et purificateur. Cette première lettre papale, expression de l’orientation et des actions que son auteur entend voir adoptées par la totalité de ses subordonnés, concrétise cette vision.
Benoît XVI parle d’amour, regrettant d’emblée que ce terme soit aujourd’hui si « galvaudé ». Dans un premier temps, il réconcilie l’amour charnel (eros) et l’amour divin (agapê). Le catholicisme, religion de l’incarnation, veut que l’on ne puisse aimer Dieu que si l’on aime son prochain. Le pape explique aujourd’hui que l’on ne peut aimer son prochain que si l’on aime Dieu. Ce changement de perspective le conduit à faire une apologie de la charité, mais d’une charité compassionnelle très « XIXe siècle », c’est-à-dire débarrassée de ce côté « droits de l’homme » hérité de Vatican II que l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi n’est pas loin de considérer comme marxisant. La question de la justice sociale sort du domaine ecclésial pour être renvoyée dans la sphère du politique.
Christian Terras, directeur de la revue catholique indépendante Golias, n’hésite pas à mettre l’accent sur l’interprétation qui pourra être faite de cette encyclique dans certaines régions comme l’Afrique. Le pape affirme qu’il ne suffit pas d’énoncer et de pratiquer les valeurs humaines, il faut aussi respecter et enseigner les valeurs morales, puisque c’est le rôle de l’Église, y compris dans le monde moderne. Les organisations caritatives catholiques ne trahissent-elles pas cette vocation en prônant, par exemple, l’utilisation du préservatif ou le planning familial ? Comme les groupes catholiques intransigeants, elles pourraient donc être tentées par un raidissement de leur doctrine et un retour au prosélytisme.

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