Siat Gabon promet monts et merveilles à ses actionnaires
Jusqu’ici en situation de force sur le marché local, le groupe spécialisé dans le palmier à huile, l’hévéa et l’élevage entre à la Bourse de Libreville. Mais parallèlement, la concurrence s’annonce.
Près de cinq ans après le lancement de ses activités, la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC), à Libreville, s’apprête enfin à accueillir la première inscription à son compartiment actions. Siat Gabon, filiale de la Société d’investissement pour l’agriculture tropicale (Siat, basée à Bruxelles et propriété de l’homme d’affaires belge Pierre Vandebeeck), veut céder 1,17 million d’actions, soit 30 % de son capital, à raison de 28 500 F CFA l’unité (43,45 euros). L’opération rapportera 51,1 millions d’euros à Siat, qui possède aujourd’hui 99,9 % de l’entreprise.
« Accessible »
Difficile pour l’instant d’avoir les premiers bilans des souscriptions, qui se déroulent jusqu’au 19 avril. Mais pour faire de cette première un succès, BGFI Bourse, le chef de file des six sociétés d’intermédiation boursière mobilisées pour mener l’opération, sillonne les principales villes du Gabon et les capitales de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) pour convaincre les potentiels investisseurs. « Partout où nous sommes passés, nous avons constaté que l’opération suscite un véritable engouement », se réjouit Léandre Bouanza Mombo.
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Alors qu’en Afrique les sociétés sont souvent introduites à des cours trop élevés, le directeur général de BGFI Bourse assure que « le prix d’introduction de Siat Gabon a été fixé avec une décote qui rend le titre accessible et offre une bonne marge de progression ». Sur la place ouest-africaine d’Abidjan, un analyste financier a fait le calcul pour Jeune Afrique : « Au prix annoncé, le PER [ratio cours sur bénéfice, NDLR] est de 8,5, c’est-à-dire dans la moyenne des entreprises opérant dans l’agro-industrie. » Un point rassurant, d’autant que dans son plan de développement, le groupe affirme que le rendement net de l’action tournera autour de 5 % par an entre 2013 et 2021.
Ralentissement
Parmi les arguments avancés : les performances de Siat Gabon ainsi que les belles perspectives de croissance qu’offrent les secteurs du palmier à huile et du caoutchouc en Afrique. Également présent dans l’élevage de bovins, le groupe affiche une progression constante de son chiffre d’affaires depuis sa création, en 2004, via l’acquisition des sociétés publiques Agrogabon (huile de palme), Hévégab (caoutchouc naturel) et le Ranch de la Nyanga.
En 2011, grâce à la bonne tenue des cours du caoutchouc, les revenus avaient atteint leur plus haut niveau, à 72,7 millions d’euros, en hausse de 50 % par rapport à l’exercice précédent. Mais en 2012, le ralentissement des cours a affecté le chiffre d’affaires, à 45,3 millions d’euros au 30 septembre. Au gré de l’évolution des prix de l’hévéa et de l’huile de palme, les résultats de la société sont très variables. En 2009, Siat Gabon avait d’ailleurs perdu de l’argent. Il annonce déjà 5,6 millions d’euros de dividendes aux actionnaires en 2012 et 7,9 millions en 2013… sans garantie d’y parvenir.
La menace Olam
L’autre ombre au tableau s’appelle Olam. Jusqu’ici en situation de monopole dans l’agroalimentaire local, Siat Gabon domine le marché national des huiles de table et des pains de savon. Dans l’hévéa, qui représente l’essentiel de son activité (81 % du chiffre d’affaires en 2011), la société possède 10 000 ha de plantations et produit 22 500 t de caoutchouc par an, tandis que dans le palmier, ses plantations s’étendent sur 7 500 ha pour une production de 15 000 t de produits raffinés. Mais début 2012, Olam a annoncé son intention d’injecter 183 millions d’euros dans le développement, dès 2013, d’une plantation d’hévéas (50 000 ha) et dans la construction d’une usine de transformation de caoutchouc. Cet investissement vient s’ajouter au 114 millions d’euros que le géant singapourien a déjà consacré au palmier à huile (le projet est estimé à 600 milllions d’euros pour une surface de 100 000 ha).
Chez Siat Gabon, on assure que la longueur d’avance prise sur le groupe asiatique sera maintenue. « Les activités d’Olam ne sont qu’en phase de démarrage, aussi bien pour le palmier à huile que pour l’hévéaculture. La société ne dispose d’aucune plantation en production et commence à peine à planter ses palmiers, soit 2 500 ha de surface plantée à fin octobre 2012 », peut-on lire dans la note d’information destinée aux souscripteurs. Reste qu’à moyen terme, c’est-à-dire dans quatre ou cinq ans, la concurrence sera tangible, notamment dans l’huile de palme.
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