À ma terre de Côte d’Ivoire

Publié le 28 novembre 2004 Lecture : 1 minute.

Voici un texte rédigé avec ma fille belgo-ivoirienne de 10 ans en larmes devant la télévision :J’étais chaude, accueillante, belle. Aujourd’hui je meurs, je deviens glacée. Je suis un pays en sang, je suis un pays en larmes, je suis la terre de Côte d’Ivoire. D’où vient cette haine que je ne connais pas ? Où sont les pères de ces enfants fous, comme drogués, qui parcourent les rues d’Abidjan, une arme à la main ? sont leurs mères ? Qui tire les ficelles de ce monstrueux théâtre ? Ils ont méthodiquement construit en eux la haine du frère : la haine du frère du Nord, la haine de l’étranger, la haine du frère blanc. Les cris de mes morts qui montent vers le ciel, ne les entendez-vous pas ? L’eau de ma lagune n’est-elle pas assez rouge ? Et l’odeur de pourriture, comment pouvez-vous la respirer ? Qui arrêtera ceux qui ont décidé de me détruire par la haine, au plus profond, jusqu’aux racines de mes fromagers, jusqu’au dernier pétale de mes hibiscus ? Pourtant je crois. J’ai donné naissance, moi, terre fertile de Côte d’Ivoire à tant de frères, tous fils de Houphouët, tous mes fils. Je crois aux Ivoiriens, à ceux qui crient comme à ceux qui se taisent. Ils vont bientôt se réveiller, ceux qui dorment encore. Eux, ils entendront les cris de mes morts, ils verront ma lagune rougie, ils respireront avec horreur l’odeur de la mort… Et ils se lèveront pour arrêter le bras de l’assassin.

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