Tzipi Livni : l’impossible paix

Publié le 28 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Tzipi Livni peut-elle conclure la paix avec les Palestiniens ? Elle a, en diverses occasions, manifesté plus de sympathie à leur égard que d’autres dirigeants israéliens. Si elle arrive à constituer un gouvernement, il est probable qu’elle poursuivra le processus de paix. Mais la paix est plus incertaine qu’elle ne l’a jamais été depuis les accords d’Oslo, en 1993. À cela trois raisons.
– La première est que les responsables israéliens ne contrôlent plus le mouvement de colonisation qu’ils ont lancé et encouragé après 1967. Le programme des Israéliens a été parfaitement planifié. Ils ont colonisé les territoires de façon à mettre la main sur les meilleures terres et sur l’eau, et à garder la souveraineté sur Jérusalem-Est. Les pourparlers de paix depuis 1993 n’ont consisté qu’à discutailler sur le tracé des frontières auquel tiennent les Israéliens – et qu’ils se sont efforcés de blinder avec le mur de séparation. Les chefs du mouvement de colonisation sont de droite, très puissants et décidés à ne pas bouger. Pour que nul n’en doute, les colons ont multiplié les agressions contre les Palestiniens – et même contre des soldats israéliens – sans que les politiques, les militaires ou les tribunaux trouvent à y redire.
– La deuxième raison est que l’État hébreu a encore affaibli les dirigeants palestiniens. Bien que les Israéliens et les Américains aient porté aux nues le modéré Mahmoud Abbas, Israël n’a pas le moins du monde assoupli son occupation. Entre l’élection d’Abbas à la présidence de l’Autorité palestinienne en 2005 et la victoire électorale du Hamas en 2006, il n’y a eu aucune liberté de circulation des hommes et des marchandises, aucun gel de la colonisation et aucune libération importante de prisonniers palestiniens. De fait, le nombre ridicule de prisonniers libérés – quelques centaines alors qu’il y en a environ 10 000 et qu’on en rajoute des dizaines tous les jours – affaiblit la position des dirigeants palestiniens et souligne leur impuissance.
Beaucoup de Palestiniens n’excluent pas une nouvelle Intifada. Et davantage de Palestiniens s’interrogent sur la solution des deux États et songent à des alternatives – notamment une campagne pour l’égalité des droits sur l’ensemble Israël-Palestine. Arafat était le seul dirigeant palestinien qui aurait pu faire approuver par son peuple un accord permettant de récupérer la plus grande partie des territoires occupés, tout en le convainquant d’accepter un compromis sur le droit au retour. Les dirigeants actuels n’en ont pas le pouvoir.
– La troisième raison est la position de l’administration américaine. Elle tient à rester l’intermédiaire numéro un dans le conflit, limitant ainsi le rôle que pourraient jouer les Européens ou les Russes. Mais elle ne fait rien pour promouvoir la paix. Abbas a de nouveau été reçu par le président George W. Bush le 25 septembre, et la secrétaire d’État Condoleezza Rice se rend périodiquement dans la région. Ces fantaisies ne remplacent pas une véritable action diplomatique. Parallèlement, aussi bien Barack Obama que John McCain ont bruyamment approuvé l’aide américaine à Israël et envoyé les mêmes signaux aux colons.
Un gouvernement Livni pourrait avoir une autre attitude dans les négociations avec les Palestiniens. Mais les quarante années de colonisation de la Cisjordanie ont été acceptées sans mot dire depuis si longtemps qu’il faudrait beaucoup plus pour conclure la paix.

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