Obama, ou le nouvel humanisme américain

Publié le 28 septembre 2008 Lecture : 3 minutes.

L’Amérique a-t-elle le droit de continuer la politique qui l’a rendue si impopulaire aux yeux du monde entier ? Si elle veut tenir son rang de nation modèle, elle doit prouver, au cours de la campagne présidentielle, qu’elle peut concilier progrès économique et humanisme. Bien sûr, l’économie mérite toute l’attention des candidats en cette période de crise. La sécurité aussi. Mais ces deux sujets ne peuvent éclipser le renouveau de l’humanisme américain – lié à la philosophie libérale et aux Lumières – auquel Barack Obama participe de toutes ses forces.

Entre une Amérique agressive qui veut faire peur pour se faire respecter et une Amérique qui doit rassurer l’opinion mondiale sur ses valeurs profondes, Obama a élaboré la meilleure stratégie politique pour couper l’herbe sous le pied au réseau Al-Qaïda, qui tire de tristes et sanglants profits de la conjoncture actuelle, faite de terreur économique et militaire.
Que ce soit en Algérie, en Israël, en Irak, au Pakistan ou même aux États-Unis, un kamikaze qui se fait exploser se moque éperdument des bombes ou des armes sophistiquées qu’on brandit pour le dissuader de s’attaquer aux civils. Au contraire, la répression à outrance renforce son fanatisme et sa croyance de s’acheter – en tuant des innocents – une place au paradis, duquel il est pourtant de facto exclu. Devant autant d’aveuglement, que pèsent nos militaires, aussi talentueux soient-ils, et nos services de sécurité les mieux armés ?
Il est regrettable que, dans sa ruée vers la politique du tout-business et du dollar roi, la très sérieuse Hillary Clinton ait emboîté le pas à l’administration Bush et promis de « rayer de la carte » l’Iran si elle était élue. La meilleure façon d’éviter la guerre avec l’Iran et de préserver le monde du chaos, c’est donc de soutenir Barack Obama et d’encourager sa vision d’un monde multipolaire dont le fonctionnement serait fondé, autant que possible, sur la concertation et le respect mutuel. Dans un contexte international où les conflits poussent comme des champignons, il est urgent que les États-Unis revoient leur politique non seulement avec le monde arabe et musulman, mais aussi avec l’Europe, l’Amérique latine, l’Afrique et – on l’a vu récemment – avec la Russie de Poutine, qui commence à raviver les braises de la guerre froide.
Finalement, l’impérialisme – qu’il soit russe ou américain – est aussi dangereux que le terrorisme islamiste. Qui donc – à part les vendeurs d’armes – a intérêt à voir Barack Obama échouer, alors que celui-ci souhaite construire une économie américaine moins militarisée et porteuse de plus de stabilité internationale ? Nous, Africains, avons notre rôle à jouer et notre mot à dire pour donner toutes ses chances à la candidature d’Obama et ouvrir la porte à tous les espoirs, toutes les audaces, toutes les heureuses solutions aux crises qui menacent notre planète. Face à ceux qui ont choisi le cynisme pour justifier des gains sordides, affirmons notre volonté de défendre la vraie valeur de la vie humaine.

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Quant à ceux qui rabaissent le niveau de la campagne américaine en jouant la carte du Ku Klux Klan, ne les laissons pas opérer un retour en force dans la politique américaine. Avec Obama et son vice-président Joe Biden, l’Amérique nouvelle ne cautionnera plus les crimes racistes, religieux ou esclavagistes. De ce point de vue, l’investiture d’Obama par acclamation des délégués démocrates doit être dédiée à l’ensemble du peuple américain. Y compris à ceux qui, dans l’ombre, complotent déjà pour assassiner le candidat démocrate.
Comme le disait un grand griot de Bélékoro, en Guinée : « L’assassin d’un innocent est la pire des vipères, elle se mord la queue dans un remords sans fin. » Ainsi, pour briser le cercle vicieux de la honte, de la haine et de la violence, nous avons une chance : la candidature de Barack Obama. Et ne l’oublions pas : dans l’élection du 4 novembre, c’est la capacité du pays de l’Oncle Sam à se régénérer et à agir pour la paix mondiale qui est en jeu.

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