Motlanthe, l’homme providentiel

Publié le 28 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Kgalema Motlanthe cultivait ces dernières années une image de grand-père tranquille derrière sa barbiche blanche et ses lunettes rondes. L’annonce de sa nomination à la tête de l’État, comme président intérimaire, lui a donné un coup de jeune. Le menton rasé et le cheveux discipliné, cet apparatchik apparaît aujourd’hui comme l’homme providentiel, celui qui, peut-être, sauvera le Congrès national africain.
Il n’est pas au sein de l’ANC de personnage plus consensuel. À tel point qu’au congrès de Polokwane, en décembre 2007, Motlanthe était le seul à figurer aussi bien sur la liste Mbeki que sur celle Zuma. Pendant ces journées houleuses, il était d’ailleurs le seul à pouvoir rétablir le calme dans la salle surchauffée des milliers de militants excités hurlaient et chantaient.
Secrétaire général de l’ANC quand Mbeki était président, il est devenu vice-président du parti à l’issue du dernier congrès. Motlanthe a su soutenir l’ancien chef de l’État, allant même jusqu’à justifier avec force arguments les prises de positions délirantes de son patron sur le sida ou sa « diplomatie discrète » dans la crise zimbabwéenne. Il l’a tout de même critiqué ouvertement, soutenant par exemple Jacob Zuma quand celui-ci accusait Mbeki de « complot » contre lui. Il a en revanche défendu le principe d’indépendance de la justice quand les pro-Zuma s’emportaient contre les juges. Une indépendance rare dans le parti.
À 59 ans, il a une longue histoire de militant politique et de syndicaliste, qui l’a conduit pendant dix ans, sous le régime d’apartheid, dans les geôles de Robben Island. Il a la réputation d’être un homme intègre. Et quand il a été mêlé au scandale de l’opération « Food for Oil », l’échange pétrole contre nourriture imposé à l’Irak par l’ONU, c’était pour renflouer les caisses du parti. Motlanthe a en effet été soupçonné, avec plusieurs autres personnalités, d’avoir recueilli à travers une société privée sud-africaine en charge de reconstituer les stocks stratégiques quelque 11 millions de rands pour financer la campagne électorale de l’ANC en 2004.
L’homme, dont la vie privée est restée très secrète, n’a jamais manifesté d’ambition personnelle. Son entière dévotion au parti n’en fait pas, pour autant, un grand chef capable d’accéder à la magistrature suprême. Pour l’instant en tout cas. Mais ses six mois d’intérim pourraient lui en donner l’étoffe.

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