La Guinée proclame son indépendance

2 octobre 1958

Publié le 28 septembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Avec deux ans d’avance sur les autres colonies françaises d’Afrique, la Guinée a conquis sa liberté sans un coup de fusil. Un simple « non » dans les urnes le 28 septembre 1958, un « non » au référendum sur le projet de Constitution et de Communauté française proposé par le général de Gaulle. Quatre jours plus tard, le 2 octobre, le pays proclamait son indépendance.
Ce qui aurait dû être pour tous les Guinéens un jour de fête marque le début d’années bien difficiles. La Guinée a en effet payé cher – et dans une certaine mesure paie encore – l’amertume que son choix a pu provoquer chez de Gaulle, l’ostracisme parfois extrême des réactions de Paris, l’exaspération des oppositions et son évolution vers une révolution impitoyable.
Le 1er octobre 1958, Jean Risterucci, représentant du gouvernement français, déclare : « L’indépendance de la Guinée est un fait acquis. » La reconnaissance officielle n’interviendra qu’en janvier 1959. Risterucci prend les premières mesures : les bâtiments publics sont remis à la Guinée, les enseignants sont priés de ne pas revenir de congé, on prépare le transfert des autres fonctionnaires et des archives, les projets d’investissements sont stoppés, à l’exception de l’exploitation de la bauxite à Fria.
Sékou Touré récompense les fidèles et distribue plus de 200 Croix de compagnon de l’indépendance, mais n’affiche aucun triomphalisme. Son air est plutôt sombre et il renvoie en les rabrouant des militantes venues manifester bruyamment leur enthousiasme.

Le 2 octobre, à 10 h 30, l’indépendance est proclamée par l’ancienne Assemblée territoriale, présidée par Saifoulaye Diallo. Les soixante conseillers territoriaux, dont quelques Français, deviennent députés. Une commission devra rédiger un projet de Constitution, prêt dès le 10 novembre. L’Assemblée choisit le drapeau, une devise (Travail, Solidarité, Justice) et un hymne national, Horoya (« Liberté »), adapté par Keita Fodéba et Jean Cellier de l’air traditionnel Alfa Yaya.
Le même jour, Sékou Touré envoie un télégramme au président français René Coty et un autre au général de Gaulle, encore chef du gouvernement, exprimant l’espoir de voir s’établir des relations diplomatiques. Il reçoit un simple accusé de réception. Il informe également nombre de chefs d’État de l’indépendance du pays et demande la reconnaissance officielle. Le Liberia, le Ghana, la Bulgarie répondent le jour même.

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Même si le calendrier de la Guinée s’enrichit d’autres commémorations, celle du 2 octobre sera l’occasion de déclarations importantes. Ainsi, en 1959, Sékou Touré critique la Fédération du Mali et se prononce pour l’indépendance séparée du Sénégal et du Soudan-Mali ; en 1961, il inaugure l’imprimerie construite par l’Allemagne de l’Est ; en 1963, il affirme que la Guinée n’a aucune visée territoriale sur la Guinée-Bissau ; en 1964, il inaugure le stade et l’Institut polytechnique construits par l’Union soviétique ; en 1965, fait exceptionnel, de Gaulle envoie ses félicitations, mais, six semaines plus tard, c’est la rupture des relations, qui durera dix ans.
Le 2 octobre 1967, Sékou Touré inaugure le Palais du peuple, construit par les Chinois. En 1972, c’est le remplacement du franc guinéen par le syli. En 1974, le président se dit prêt à coopérer avec la France. À New York, le ministre guinéen des Affaires étrangères, Fily Cissoko, rencontre le représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, futur ambassadeur de France à Conakry. Ce sera le début du processus destiné à normaliser les relations avec Paris.

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