Après Gizenga, qui ?

Publié le 28 septembre 2008 Lecture : 3 minutes.

La question n’était plus de savoir si Antoine Gizenga allait quitter ses fonctions, mais quand ? La réponse est tombée le 25 septembre, lors d’une courte allocution télévisée. « Pour tout homme, même s’il a l’esprit encore sain et alerte, le corps a des limites dont il convient de tenir compte », a expliqué le désormais ex-Premier ministre de la RD Congo. À 83 ans et après plus de vingt mois à la primature, l’ancien compagnon de route de Patrice Lumumba était usé. « Au bout du rouleau », précise un proche du patriarche du Bandundu, une province du sud-ouest du pays.
« Son départ était prévu depuis cinq mois, tout a été organisé par la présidence et la primature », ajoute un membre du gouvernement. Le report de la décision s’explique, d’une part, par la situation dans l’Est, où les combats ont repris entre l’armée et les hommes de Laurent Nkunda, le général rebelle ; de l’autre, par le délai indispensable au « Vieux » pour préparer ses partisans et sa formation, le Parti lumumbiste unifié (Palu).
La réputation de cet homme inflexible, incorruptible, qui a préféré l’exil aux compromissions de l’ère Mobutu, n’a jamais été mise en cause par personne. Le deal conclu à l’issue du premier tour de la présidentielle de juillet 2006 qui permit au président Joseph Kabila de l’emporter avec 58 % des voix a tenu bon. Nul doute enfin que l’apport de Gizenga pour réduire la fracture Est-Ouest a été un facteur de stabilité. « Il a permis de calmer les esprits à Kinshasa, où l’on avait voté majoritairement pour Jean-Pierre Bemba à la présidentielle. Ce dernier est aujourd’hui en prison, poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI), mais la ville est restée calme parce qu’une bonne partie de ses habitants viennent du Bandundu », explique un observateur.

Icône du passé
Le problème était ailleurs : dans sa capacité de travail, considérablement réduite par l’âge ; dans son silence assourdissant sur des dossiers brûlants comme l’insécurité dans l’Est ; dans son incapacité à affirmer son autorité par des gestes et des discours forts. Au fond, Gizenga était davantage une icône du passé qu’un chef de gouvernement capable d’entraîner une majorité et d’insuffler la dynamique indispensable au redressement d’un pays à peine sorti du chaos. La question à présent est de savoir qui répond le mieux à ce profil idéal.
Avec ses 34 députés, le Palu milite pour le respect de l’accord qui lui a offert la primature pendant toute la législature. Si cette solution prévaut, l’actuel ministre du Budget, Adolphe Muzito, lui aussi natif du Bandundu et souvent présenté comme l’éminence grise de Gizenga, a toutes les chances d’être désigné. Mais la formation du président, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), qui détient 121 sièges sur 500, peut choisir de récupérer le poste. Dans cette hypothèse, plusieurs noms sont avancés.
Denis Kalume Numbi, l’actuel ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et de la Sécurité, a toute la confiance du chef de l’État, mais ce militaire originaire de l’Est incarne le « clan Kabila » du Katanga et du Maniema. De même, Vital Kamerhe, le populaire et ambitieux président de l’Assemblée nationale, est en droit d’espérer : ne fut-il pas l’un des principaux artisans de la victoire de Kabila ? Son handicap : il est lui aussi natif de l’Est (du Kivu). Outre qu’il est apprécié par la communauté internationale, Olivier Kamitatu, le ministre du Plan, est pour sa part originaire du Bandundu, ce qui permettrait, s’il était nommé, de préserver l’équilibre Est-Ouest. Las, son poids politique est limité. Deux outsiders, enfin : Evariste Boshab, qui fut directeur de cabinet pendant la transition, et Jeannine Mabunda Lioko, ministre du Portefeuille, qui est indiscutablement parvenue à remettre de l’ordre dans la gestion de l’État. Une liste qui est loin, cependant, d’être exhaustive

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