Nouvelle vague tunisienne sur la Croisette

Publié le 28 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

La Tunisie était cette année le seul pays africain à figurer dans la section « Tous les cinémas du monde » du Festival de Cannes. Créée en 2005, cette section met à l’honneur sept pays dont le cinéma s’est distingué par son originalité et son dynamisme. Reconnu pour son audace thématique et artistique, le cinéma tunisien s’est déjà fait remarquer en étant le pays africain le plus présent en sélection officielle de 1970 à 2000 : depuis Une si simple histoire d’Abdellatif Ben Ammar, présenté en compétition en 1970, en passant par Caméra d’Afrique et Caméra arabe de Férid Boughedir, L’Homme de cendres et Les Sabots en or de Nouri Bouzid, dans les années 1980, Le Casseur de pierres de Mohamed Zran, en 1990, jusqu’à La Saison des hommes de Moufida Tlatli, en 2000. Sans oublier les nombreux films présentés dans les sections parallèles comme L’Ombre de la terre de Taieb Louhichi, Halfaouine de Férid Boughedir ou Les Silences du palais de Moufida Tlatli. Ces deux derniers cinéastes sont par ailleurs les seuls Maghrébins à avoir été choisis, à ce jour, comme membres du jury officiel (en 1991 et en 2001).
Après un immense succès auprès de son public local dans les années 1990, le cinéma tunisien a connu une sévère désertion des salles, du fait notamment de la généralisation de la télévision par satellite et des DVD pirates. En 2006, une nouvelle « génération numérique » de jeunes cinéastes utilisant la vidéo est apparue. C’est cette « nouvelle vague » que Cannes a choisi de mettre en exergue à côté de longs-métrages « normaux » en 35 mm tels que Khorma de Jilani Saadi et Khochkhach, fleur d’oubli de Selma Baccar – dont la récente sortie à succès (voir J.A. n° 2358) a permis de renouer avec le public populaire. Également au programme, six courts-métrages en 35 mm : Visa de Ibrahim Letaïef, Tsawer de Nejib Belkadhi, L’Homme au costume gris de Fahd Chebbi, Casting pour un mariage de Fares Nanaa, Brise et Vent de Lassaad Dkhil et La Moisson magique d’Anis Lassoued. Grâce à ces jeunes talents, la Tunisie est le pays le plus représenté par le nombre de ses cinéastes (dix-huit au total) en sélection officielle, toutes sections confondues !
Le grand absent aura été le très attendu film de Nouri Bouzid, L’Homme de feu, qui dénonce l’endoctrinement des jeunes par les islamistes et qui, n’ayant pas été terminé à temps, serait pressenti pour le Festival de Venise en automne prochain. Précédée, la veille, d’une montée des marches du Palais des festivals par la délégation tunisienne, la Journée de la Tunisie à Cannes a été clôturée en beauté par une grande fête sur la plage du Martinez. Une réussite qui devrait inciter les autorités tunisiennes à accélérer les réformes audiovisuelles tant attendues, comme la création d’un centre cinématographique national ou celle d’un fonds de financement du cinéma.

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