Sally Nyolo, « pygmalionne » indomptable
Personne n’y échappe : quand on a quitté son pays à 13 ans pour vivre à Paris, l’âge adulte venu, une irrépressible envie de replonger dans ses racines nous guide. À écouter les premières notes de son nouvel album, Studio Cameroon, on se dit que Sally Nyolo est décidément bien originale. Elle voulait « célébrer dans la gaieté les sons traditionnels » tout droit sortis de la forêt équatoriale camerounaise. Résultat : un véritable ovni musical, iconoclaste à Paris et plutôt conformiste à Yaoundé, agrémenté d’un fond joyeux communicatif. Avec une saisissante absence de narcissisme, elle s’efface et laisse la primeur à la flopée d’inconnus qu’elle a décidé de promouvoir. Comme un buf géant, dont elle se fait la muse.
Le pari, c’est d’offrir le studio qu’elle a monté au Cameroun, en 1998, pour rendre ce qu’elle a emprunté au rythme bikutsi, depuis son premier album, Tribu (vendu à 300 000 exemplaires en 1996), jusqu’à l’avant-dernier, Zaïone, sorti en 2002. Du déjanté « Souris-moi » avec le chanteur Gueyanka à « Chantal », l’émouvante mélopée des surs Bidjoï (en hommage à leur sur atteinte de surdité), c’est tout un patrimoine traditionnel passé au shaker. Le savoureux « Marché Mokolo », lui, vient conforter le bikutsi dans son statut de pourvoyeur de guitaristes hors normes.
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