Kapuscinski l’Africain

Publié le 28 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Les Français ont souvent comparé Ryszard Kapuscinski, le journaliste polonais décédé le 23 janvier à l’âge de 74 ans, à Albert Londres et Joseph Kessel, deux de leurs plus éminents écrivains voyageurs. C’est oublier que cet auteur universellement connu – son nom a été maintes fois cité pour le Nobel – s’inscrit dans une tradition spécifiquement polonaise illustrée notamment par Jan Potocki (Le Manuscrit trouvé à Saragosse), mais aussi Joseph Conrad et son inoubliable Au cur des ténèbres, dont l’action se déroule au Congo belge à la fin du XIXe siècle.
Né en 1932 à Pinsk, aujourd’hui en Biélorussie, Kapuscinski débute sa carrière à la fin des années 1950 et devient l’unique correspondant dans le Tiers Monde de l’Agence de presse polonaise (PAP). Il fait ses premiers reportages en Afrique, où il suit en direct les conflits qui accompagnent la décolonisation, puis, dans les années 1960 et 1970, couvre l’Amérique latine, l’Asie et le Proche-Orient. C’est de ces expériences qu’il tirera la matière de ses livres, notamment D’une guerre à l’autre (1976), Le Négus (1978), sur la chute du régime d’Haïlé Sélassié, La Guerre du football (1978) et Le Shah, ou la démesure du pouvoir (1982).
Il s’y distingue par la pertinence de ses observations et la finesse de son trait. À chaque fois, il montre la même empathie pour les petites gens. Sous sa plume, le moindre détail prend du sens et contribue à éclairer l’événement. Certains ont déploré son manque de rigueur. Il ne prenait pas de note, il est vrai, préférant faire appel à sa mémoire pour stimuler sa créativité. En ce sens, ses écrits touchaient plus à la littérature qu’au journalisme.
Changement de cap en 1981. Kapuscinski, qui n’avait jamais perdu le contact avec la Pologne, est mis sur la touche par le pouvoir qui le punit de son engagement en faveur du mouvement Solidarnosc. Il lui faudra attendre l’effondrement du communisme pour reprendre ses pérégrinations. Cela donnera Imperium, où il décrit la déliquescence des anciennes républiques de l’Union soviétique. Il acquiert la notoriété en France en 2000 avec la publication d’Ébène (Plon), suite de récits inspirés par ses années africaines.

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