Déferlante anglaise

Publié le 28 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Le magazine londonien Book a récemment lancé un sondage auprès de ses lecteurs : quel est, selon vous, le meilleur écrivain britannique vivant ? Réponse : Joanne Kathleen Rowling. Certes, les aventures d’Harry Potter se sont vendues à plus de 300 millions d’exemplaires dans quelque deux cents pays ; et ce n’est pas fini, car le septième tome est attendu pour cette année 2007. Les enfants et les adolescents adorent. On s’interdira de hiérarchiser les genres. Mais quand même. Les histoires du jeune sorcier sont un peu à la littérature ce que le hamburger est à la gastronomie.
On reste d’autant plus abasourdi quand on songe à la quantité d’auteurs d’envergure que la littérature britannique aligne aujourd’hui. Le Royaume-Uni se distingue d’abord par l’éclosion sur son sol d’une kyrielle d’écrivains originaires de son ancien Empire. Tout a commencé en 1981 lorsque les jurés du Booker Prize ont couronné Les Enfants de minuit, second roman d’un jeune auteur né à Bombay, un certain Salman Rushdie. Depuis, de Monica Ali à Michael Ondaatje en passant par Zadie Smith, Ben Okri ou encore Hanif Kureishi, des romanciers issus des quatre coins de la planète imposent leur talent sur la scène littéraire.
Peut-être dopés par ce flot romanesque venu d’ailleurs, les prosateurs plus strictement british font eux aussi preuve d’une belle créativité. Impossible de ne pas évoquer les maîtres du polar (Ruth Rendell, P. D. James, Ken Follett, John Le Carré) dont les subtiles intrigues enchantent les amateurs du genre. Mais les auteurs de textes plus exigeants y vont aussi de leur partition. Alors qu’en France les écrivains regardent leur nombril, leurs collègues outre-Manche font et refont le monde. Et ce avec un sens de la dérision à nul autre pareil. Grâce à quoi Jonathan Coe, William Boyd, Evelyn Waugh, David Lodge, etc., ont conquis un vaste public hors de leurs frontières.
Trois autres figures majeures du roman anglais sont en vedette en ce moment. Dans Chien jaune (Gallimard), Martin Amis, par ailleurs critique littéraire à la plume assassine, met à nu (aux sens propre et figuré) une société britannique en pleine décomposition. À l’avalanche d’images grand-guignolesques de cet auteur à l’ironie cynique répond le propos beaucoup moins délirant de Ian McEwan, auquel on doit de nombreux romans couverts de prix, comme Expiation ou Amsterdam (Booker Prize 1998). Dans son dernier livre, Samedi, paru chez Gallimard comme les précédents, il raconte la journée d’un Londonien lors des manifestations contre la guerre d’Irak.
Probablement est-ce Julian Barnes, régulièrement plébiscité par le public francophone, qui trouvera le plus large écho avec Arthur et George (Mercure de France). L’auteur du Perroquet de Flaubert (Stock), prix Médicis essai 1986, y retrace un épisode méconnu de la vie d’Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes : son engagement en faveur d’un jeune homme d’origine indienne accusé à tort d’un crime odieux. Et la déferlante anglaise n’est pas terminée : Le Seuil annonce un nouveau Boyd, La Vie aux aguets, pour février.

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