Début de l’offensive du Têt

Publié le 28 janvier 2007 Lecture : 3 minutes.

En octobre 1967, les Nord-Vietnamiens avaient annoncé qu’en l’honneur du Têt Nguyen Dan, le nouvel an vietnamien, ils observeraient du 27 janvier au 3 février 1968 une trêve dans la guerre qui les opposait aux Sud-Vietnamiens et, depuis le printemps 1965, aux troupes américaines.
Cela n’empêcha pas, le 30 janvier 1968, au beau milieu de la trêve, l’armée régulière nord-vietnamienne et les combattants du Viêt-cong de lancer une attaque coordonnée contre 36 des 44 capitales provinciales sud-vietnamiennes et 70 autres villes du pays. Les principaux combats eurent lieu autour de la base américaine de Khé Sanh, assiégée par 40 000 Nord-Vietnamiens, et à Hué, qui fut occupée pendant un mois avant d’être reprise par les marines. Le raid le plus spectaculaire fut mené par un commando viêt-cong qui fit sauter un mur d’enceinte de l’ambassade américaine à 3 heures du matin et l’occupa un long moment avant d’être délogé. Fin février, Hanoi commanda une retraite générale. Ce fut la fin de « l’offensive du Têt ».

Elle avait été décidée, l’été 1967, par le général Vo Nguyen Giap. D’abord partisan d’une tactique de guérilla, Giap avait estimé que la position militaire des Nord-Vietnamiens n’allait pas s’améliorant et que le moment était venu d’une vaste offensive. Hanoi espérait qu’une telle démonstration de force provoquerait au Sud-Vietnam un soulèvement généralisé. Des deux points de vue, ce fut un échec. Sur les 84 000 Nord-Vietnamiens et Viêt-congs engagés, 50 000 furent tués – contre 1 100 morts chez les Américains et 2 300 chez les Sud-Vietnamiens. À Saigon, le régime du président Nguyen Van Thieu ne fut pas le moins du monde ébranlé. Il y eut bien un soulèvement, mais ce fut aux États-Unis.
La défaite militaire de Hanoi se transforma, de l’autre côté du Pacifique, en une victoire politique. Il est vrai que l’opinion là-bas était préparée : on défilait par dizaines de milliers à New York comme à San Francisco. Robert Kennedy, le grand rival du président Lyndon Johnson au Parti démocrate, s’écriait dans un discours prononcé à Chicago le 8 février 1968 : « Un demi-million de soldats américains, appuyés par 700 000 Sud-Vietnamiens, ayant le contrôle total de l’air et de la mer, disposant de ressources immenses, ne sont pas capables d’enlever à moins de 250 000 adversaires l’initiative des opérations ! »

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Le couronnement médiatique de ce rejet de l’opinion fut la photo ci-dessus d’Eddie Adams. Le photographe américain parcourait les rues de Saigon, le matin du 1er février, lorsqu’il aperçut un groupe de soldats sud-vietnamiens escortant un prisonnier. Venant en sens inverse, le général Nguyen Ngoc Loan, le patron de la police nationale sud-vietnamienne. Arrivé à la hauteur du prisonnier, le général dégaina son revolver et l’abattit d’une balle dans la tempe. La victime était le capitaine viêt-cong Nguyen Van Lem. La photo fit, deux jours plus tard, la une de tous les quotidiens américains.
À cette photo, qui valut à Adams un prix Pulitzer, s’ajoutèrent quelques formules journalistiques bien frappées. Peter Arnett, de l’Associated Press, fit dire par exemple à un officier rentrant d’une mission à Ben Tre, dans le delta du Mékong : « Il a été nécessaire de détruire la ville pour la sauver. » Le coup de grâce fut donné par la grande vedette de la chaîne CBS, Walter Cronkite, qui conclut une émission sur le Vietnam par ces mots : « Il paraît de plus en plus évident à ce reporter que la seule manière rationnelle de s’en sortir sera de négocier. » « Si j’ai perdu Cronkite, confia Johnson à l’un de ses conseillers, j’ai perdu le peuple américain. » Il en tira la leçon en annonçant dès le 31 mars, à la télévision : « Je ne solliciterai pas un autre mandat. » En novembre, le républicain Richard Nixon fut élu à la Maison Blanche.
Il faudra cependant attendre la fin de 1972 pour qu’un cessez-le-feu soit conclu entre le secrétaire d’État de Nixon, Henry Kissinger, et le Nord-Vietnamien Le Duc Tho.

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