Benghazi, frondeuse mais prospère

Publié le 28 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Le front de mer de la deuxième ville du pays, en Cyrénaïque, est bordé d’immeubles défraîchis datant de la colonisation italienne. Sur la plage comme sur la Corniche bordée de palmiers et de lampadaires, détritus et gravats s’amoncellent. Benghazi « souffre d’un sentiment d’abandon et jalouse la capitale », affirme un diplomate européen. Moins nombreux qu’à Tripoli, les taxis y ressemblent généralement à des épaves ambulantes. Embarquer à bord de l’un d’eux requiert du courage.
En 1998, c’est ici qu’a éclaté l’affaire des infirmières bulgares et du médecin palestinien injustement accusés d’avoir transmis le virus du sida à 426 enfants quelques mois après qu’un groupe islamiste armé eut tenté d’assassiner Mouammar Kadhafi. Ici encore que, l’an dernier, une manifestation de protestation contre la publication par un journal danois de caricatures du Prophète a gravement dégénéré (incendie du consulat d’Italie, plusieurs dizaines de morts et de blessés). Pour tenter d’apaiser les tensions, de nombreux cadres régionaux ont depuis bénéficié de promotions
Traditionnellement hostile au pouvoir, la Cyrénaïque est le berceau de la confrérie sénoussie, pilier de la défunte monarchie (renversée en 1969 par Kadhafi). Voisine de l’Égypte, elle est séparée de Tripoli par un désert. C’est le fief des Frères musulmans – avec lesquels le pouvoir tente actuellement de négocier – et des groupes islamistes armés, aujourd’hui réduits au silence. « Dans ce pays, l’opposition vient toujours de Benghazi, confirme un haut fonctionnaire. Même la Révolution a commencé ici. Kadhafi a d’ailleurs suivi les cours de l’école militaire de la ville. Même le roi Idriss craignait ses habitants ! »
L’essor du secteur privé y est sensible. Sur la belle rue Dubaï comme sur la rue Ishrin, plus populaire, cafés et commerces se multiplient. « Les gens de Benghazi sont riches, commente un commerçant tripolitain. Ils font leur business dans la capitale et vont en Europe. Ils sont plus téméraires que nous en affaires. Chez eux, les solidarités tribales sont plus fortes. » Les vols du matin à destination de Tripoli sont pleins à craquer de passagers en costume-cravate accrochés à leur téléphone portable. Dans les rues de la ville, des panneaux publicitaires vantent sans complexe telle ou telle marque de shampoing, de gel douche ou d’appareil électroménager. Rien à voir avec la ferveur « révolutionnaire » et « jamahiriyenne » qui continue de prévaloir sur les affiches de la capitale !

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