Agriculture : la grande controverse

Publié le 28 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Pour nourrir les 9 milliards d’habitants attendus sur la planète en 2050, il faudra multiplier par deux la production de denrées alimentaires. Actuellement, 854 millions de personnes souffrent de la faim, dont 206 millions de Subsahariens. Dans cette partie du monde où l’explosion démographique atteint des sommets – elle devrait compter 1,9 milliard d’habitants dans une quarantaine d’années -, les enjeux sont d’une particulière gravité.
Sols appauvris, engrais trop chers, politiques publiques inefficaces, inorganisation des filières de production et des systèmes de commercialisation, mauvaise gestion des ressources en eau La « révolution verte », ici, a échoué et l’agriculture africaine n’est pas en mesure de nourrir les populations. En 2005, les importations agricoles dans la zone subsaharienne ont atteint près de 16 milliards de dollars, soit une augmentation de 100 % en une dizaine d’années, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Devant cette situation, deux théories s’affrontent.
Les leaders paysans réclament le droit à la souveraineté alimentaire ainsi qu’une protection de leurs marchés afin de renforcer leurs capacités de production (voir interview ci-contre). En ligne de mire, les règles du libre-échange. « L’Afrique, qui ne représente que 2 % du commerce mondial, ne peut et ne doit pas rester en marge des échanges », affirme à l’inverse Valentine Rugwabiza, la directrice adjointe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Jouer le jeu de la concurrence pour être plus compétitif ? « C’est une illusion, réplique Henri Rouillé d’Orfeuil, président de l’ONG Coordination Sud. La mondialisation risque de provoquer un désastre dans les campagnes. L’agriculture traditionnelle ne peut rivaliser avec l’agro-industrie européenne ou américaine, l’une et l’autre abondamment subventionnées. » De fait, le montant des aides agricoles dans les pays riches avoisine chaque année 300 milliards de dollars. « C’est du dumping à l’origine d’un effondrement des prix », s’indignent les capitales africaines.
Au-delà de cette passe d’armes qui tourne parfois à la confrontation idéologique, nombre d’experts appellent de leurs vux une « autre révolution verte », plus conforme aux capacités de l’agriculture familiale. « À terme, l’Afrique a les moyens de se nourrir. Mais, pour cela, il est indispensable de soutenir les prix afin d’augmenter les revenus paysans, renforcer l’accès aux crédits et, surtout, améliorer les rendements, mais en développant des techniques qui respectent l’écosystème », résume Michel Griffon, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). En lieu et place des méthodes intensives, il préconise un « jardinage » à grande échelle, respectueux du milieu naturel et des habitudes paysannes.

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