Pourquoi tant de haine ?

Publié le 27 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Les Subsahariens n’ont pas toujours été la cible du racisme russe. Conséquence des accords de coopération conclus après les indépendances entre la superpuissance soviétique et les régimes « révolutionnaires » du continent, de très nombreux étudiants africains ont fréquenté l’université Patrice-Lumumba, à Moscou. C’était le temps, désormais bien lointain, de « l’internationalisme prolétarien » et de « l’amitié entre les peuples »… La propagande du régime étant ce qu’elle était, les jeunes Africains étaient en général bien accueillis par la population. Il n’était pas exceptionnel qu’on les arrête dans la rue pour leur faire des cadeaux !
Les choses n’ont pas tardé à se gâter. Le fiasco de l’économie socialiste entraînant d’insupportables pénuries, les jeunes Soviétiques ont commencé à raffoler de produits occidentaux – jeans, sous-vêtements chic, disques, etc. – que les Africains, qui, eux, avaient la possibilité de voyager en Europe de l’Ouest, ne manquaient pas de leur procurer moyennant un appréciable bénéfice. Baptisés spekulacia, ces petits trafics – dont les Africains n’avaient évidemment pas l’exclusivité étaient fort mal vus des autorités et considérés comme un délit. Ils suscitaient surtout bien des jalousies dans la population. D’autant que les étudiants africains bénéficiaient généralement de deux bourses – l’une allouée par l’URSS, l’autre par l’Unesco – et disposaient de revenus parfois supérieurs à ceux d’un professeur ou d’un ingénieur soviétiques ! Ce que ces derniers ressentaient, bien sûr, comme une humiliation. Selon certains spécialistes, ce serait là l’une des causes de l’hostilité dont les étudiants africains sont aujourd’hui l’objet. De manière plus générale, l’historien béninois Dieudonné Gnammankou voit dans ces réactions racistes le symptôme d’une frustration : la plupart des Russes ne cessent de s’appauvrir et ne supportent pas de voir leur pays, l’ex-deuxième puissance mondiale, s’enfoncer inexorablement dans la crise.
Quant aux Chinois, la haine qu’ils inspirent a sans doute des origines historiques – la vieille rivalité sino-soviétique du temps de Mao Zedong -, mais elle est surtout la conséquence de leur mainmise de plus en plus marquée sur le petit commerce.

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