OMC : marché de dupes ?

Publié le 27 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

A deux semaines de la conférence interministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Hong Kong, les discussions entre les différentes parties donnent lieu à un très intense ballet diplomatique. Les membres du G90, qui rassemble les pays africains, les ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) et les PMA (pays les moins avancés), se retrouvent à Bruxelles du 28 novembre au 1er décembre pour examiner les propositions des pays riches et émergents (Amérique du Sud et Asie) et harmoniser leurs positions. De nombreux sujets seront sur la table, dont l’ouverture des marchés, les aides au commerce, et des dossiers plus spécifiques comme le coton, le sucre et la banane.
En attendant, Paris, Tokyo, Bruxelles et Washington rivalisent de prodigalité en espérant ne pas connaître un nouvel échec, après Seattle et Cancún, qui rendrait quasi impossible le bouclage du cycle de Doha en 2006. Fragilisé dans les négociations agricoles, Jacques Chirac a fait adopter en conseil des ministres la taxe sur les billets d’avion destinée à financer le développement. La France organise, par ailleurs, une grande réunion, « Hong Kong – 15 : les paysans prennent la parole », du 30 novembre au 1er décembre, à Paris. De nombreux représentants des organisations paysannes africaines seront invités à écouter les positions françaises, relayées notamment par René Carron, président du Crédit agricole SA ; Bernard Layre, président des Jeunes agriculteurs ; l’écrivain Erik Orsenna, qui prépare un documentaire sur le coton ; et, en clôture, le Premier ministre français Dominique de Villepin. Tokyo multiplie aussi les opérations de promotion de son initiative phare pour l’Afrique, la Ticad. Et Bruxelles et Washington réitèrent chaque semaine leur engagement à faire plus pour les pays pauvres.
Un grand show médiatique qui vise, pour l’essentiel, à masquer le manque d’avancées dans les négociations. « Les propositions européennes et américaines en matière d’agriculture sont fortement biaisées… De nombreux analystes montrent qu’elles permettront de perpétuer en l’état leurs systèmes de subventions. Cette approche porte le sceau du mercantilisme du XIXe siècle. Les pays riches demandent beaucoup en donnant trop peu », se sont indignés récemment Mary Robinson, ex-présidente de la République d’Irlande, et Kevin Watkins, directeur du Rapport mondial sur le développement humain, dans les colonnes du Monde. Les responsables africains en semblent convaincus. « On est loin du compte, tient à préciser un négociateur du continent. Si les pays développés veulent trouver un accord à Hong Kong, ils devront s’engager sur des mesures concrètes, surtout en matière d’ouverture permanente de leurs marchés et d’aide au développement. »

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