Marie Tamoifo

cette militante écologiste camerounaise de 31 ans aura la lourde tâche de représenter la jeunesse africaine au sommet Afrique-France de Bamako, les 3 et 4 décembre.

Publié le 27 novembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Elle a le sourire lumineux, mais aussi les pieds sur terre, les idées claires et la langue bien pendue. A 31 ans, Marie Tamoifo a été élue représentante de la jeunesse africaine pour le Sommet Afrique-France lors d’un Forum qui s’est tenue les 8 et 9 novembre à Bamako. C’est elle qui aura la lourde tâche de faire entendre la voix des jeunes de tout le continent devant les chefs d’Etat qui se réuniront, les 3 et 4 décembre, dans la capitale malienne. Un rôle crucial cette année, le thème retenu pour la grand-messe étant « la créativité, la vitalité et les aspirations de la jeunesse » – une grande première. A charge donc pour Marie de faire comprendre aux présidents que ses semblables ont des besoins et des désirs qu’ils ne demandent qu’à réaliser, à condition qu’on veuille bien les y aider.
Les jeunes Africains n’auraient sans doute pu trouver meilleure ambassadrice que cette Camerounaise pour exprimer leurs revendications. Née à Poitiers en 1974 pendant que son père étudiait en France, elle pose pour la première fois les pieds au Cameroun à l’âge de 3 ans. À Bertoua, une ville de l’est du pays où son père est professeur de français, elle grandit vite. Puis brûle les étapes : en 1993, alors qu’elle n’a que 19 ans, elle devient titulaire d’une licence de droit de la faculté de Yaoundé.
À l’université, Marie a aussi et surtout découvert l’engagement associatif. À l’époque membre de l’ONG Global Relief Cameroon, elle avait créé en son sein un comité des jeunes dont elle assumait la présidence. Depuis, elle ne jure plus que par cette forme d’action. À la fin des années 1990, la jeune femme est nommée au conseil des jeunes du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue). C’est là qu’elle se fait remarquer pour la première fois. Cette expérience lui sert de tremplin pour se lancer dans un grand projet : l’organisation, en 1999, du premier Forum national des jeunes de son pays. Mais c’est la déception : la structure dans laquelle elle avait placé ses espoirs doit subir plusieurs tentatives d’instrumentalisation. Marie préfère prendre ses distances.
Elle crée alors en 2000 Jeunesse verte du Cameroun, une organisation indépendante de tout pouvoir. Depuis, la jeune femme parcourt son pays pour sensibiliser les jeunes à la protection de l’environnement. Passionnée d’écologie, elle se retrouve à la tête d’un réseau de 500 militants, mais butte rapidement sur la difficulté des jeunes à se faire entendre par les autorités. Peu importe : Marie poursuit son petit bonhomme de chemin et participe, en 2004, au premier Sommet panafricain des jeunes leaders organisé à Dakar par le Programme des nations unies pour le développement (Pnud). Cette année, pour la deuxième édition de la manifestation, à Ifrane, au Maroc, elle a été élue représentante de l’Afrique centrale.
Aujourd’hui, Marie Tamoifo souhaite étendre l’existence de Jeunesse verte du Cameroun à tous les pays de la sous-région. Pour ce faire, la jeune femme compte bien sur la médiatisation dont elle fait l’objet depuis son élection à Bamako. Mais elle n’oublie pas non plus le rôle qu’elle devra tenir au Sommet, en décembre. « On va enfin pouvoir dire ce que les jeunes sont capables de faire, s’exclame-t-elle. Les chefs d’État ont tous fait de belles déclarations en notre faveur. Mais il faut maintenant passer à l’acte. Il faudrait que, d’ici à 2015, ils s’engagent à soutenir une centaine de programmes concrets en direction de l’emploi et de l’éducation. » Il y a fort à parier que Marie Tamoifo ne sera pas la dernière à formuler des propositions. Et qu’elle fera tout pour se faire entendre par les grands du continent. Nul doute que son charme et sa volonté l’aideront à être convaincante.

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