Le temps de l’action

Publié le 27 novembre 2005 Lecture : 3 minutes.

« Mobilisation générale » : c’est ainsi que Jeune Afrique/l’intelligent titrait, le 7 novembre, un Plus sur le paludisme. Cette mobilisation de l’opinion s’est confirmée, l’autre semaine, à Yaoundé, au Cameroun, à la Conférence panafricaine organisée par l’Initiative multilatérale sur la malaria (MIM) et le partenariat Faire reculer le paludisme (RBM). La campagne RBM, qui se proposait de donner accès au traitement à 60 % des paludéens en 2005, est cependant loin d’avoir atteint ses objectifs. Comme l’écrit Yves Atanga dans le Cameroon Tribune, c’est donc « le temps de l’action ». Voici ce qu’on pense aujourd’hui dans le pays qui s’est donné la peine d’organiser la Conférence.

Le samedi 19 novembre, à la fin des travaux, les participants au cinquième forum des partenaires de l’initiative Faire reculer le paludisme affichaient la satisfaction d’avoir accompli quelque chose d’inédit. Même le traditionnel scepticisme des journalistes, lors de la conférence de presse finale, n’a pas eu raison de l’optimisme ambiant. Hommes politiques, organismes de financement, société civile, les agences du système des Nations unies et autres partenaires sont repartis de Yaoundé avec la conviction que les choses ne se passeront plus comme avant dans la lutte contre le paludisme. L’appel à l’action lancé par les 500 délégués rassemblés au Palais des congrès résonne comme la fin d’une période où les beaux discours ont souvent contribué à faire perdre du temps, pendant que les moustiques et leur palu continuaient tranquillement leur danse macabre.
Après Abuja en 2002, le rendez-vous de Yaoundé aura d’abord permis de ramener l’intérêt de la communauté internationale autour du problème sérieux que pose la malaria. Car l’émergence d’autres maladies comme le sida avait entraîné une négligence du paludisme. « La prise de conscience est donc plutôt récente », comme le reconnaît le Premier ministre camerounais Ephraïm Inoni. Et l’on se félicite du nouveau cadre arrêté d’un commun accord pour faire reculer le paludisme à l’échelle planétaire.
Le sursaut a donc été opéré. Et la lutte contre le paludisme va s’accélérer, si l’on se fie aux résolutions prises dans la capitale camerounaise. Notamment l’agenda 2005-2015 arrêté par les participants. En premier lieu, les bailleurs de fonds ont fait la promesse d’apporter beaucoup plus d’argent. Et même si ces ressources sont encore insuffisantes par rapport à la demande, elles vont indéniablement permettre de passer à la vitesse supérieure. La prise en charge par les médicaments antipaludéens efficaces et à moindre coût, la prévention et le soutien à la recherche devraient donc être plus visibles pour les populations.
Mais, en retour, les organismes de financement (Fonds mondial, Banque mondiale, Union européenne) demandent que la gestion des ressources octroyées soit transparente. Autrement dit, que l’argent serve effectivement aux populations touchées au quotidien par la malaria. Pour ce faire, les participants aux travaux de Yaoundé ont recommandé une harmonisation des interventions. Sur ce plan, il est demandé aux gouvernements d’assurer un leadership efficace, en coordonnant toutes les activités, en impliquant tous les acteurs susceptibles d’améliorer la riposte contre le palu, notamment les organisations non gouvernementales, qui sont souvent en contact plus direct avec les communautés. De toute façon, il faudra rendre compte de tout ce qui aura été fait. Les délégués insistent sur les notions de suivi et évaluation, qui indiquent que des contrôles réguliers se feront à tous les niveaux. Car il est désormais question de financements basés sur les résultats.
Après cet appel, l’espoir est donc permis. Et il s’exprime de diverses manières. Le Premier ministre Ephraïm Inoni « rêve que le paludisme sera conquis ». Le DG de l’Organisation mondiale de la santé, quant à lui, espère que « cette importante déclaration aura rapidement une suite concrète ». Le Dr Lee Jonk-wook pense que la communauté internationale est dans une meilleure position pour affronter le problème. La balle est donc dans le camp de tous les partenaires. Après ce cri de révolte devant les ravages d’une maladie dont la prévention et le traitement sont plus ou moins maîtrisés, on attend les gestes forts de ce soulèvement planétaire contre la malaria.

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