Aller simple pour l’enfer irakien
Lors de sa visite éclair à Marrakech, le 20 novembre, Nicolas Sarkozy, le ministre français de l’Intérieur, qui était accompagné de Pierre Bousquet de Florian, le directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST), a été « briefé » en détail par ses interlocuteurs marocains sur le démantèlement, une semaine plus tôt, du groupe Attawhid wal Jihad (« Unicité et guerre sainte »), dont dix-sept membres ont été arrêtés à Casablanca et à Rabat.
La fonction de cette structure clandestine n’était pas de mener au moins dans l’immédiat des opérations terroristes au Maroc même, mais de recruter des volontaires pour l’Irak. C’est dans ce but que Mohamed Reha et Khalid Azig, deux émigrés marocains liés à la mouvance al-Qaïda (l’un résidait en Belgique, l’autre en Syrie et tous deux avaient fait un séjour en Irak en 2004) s’étaient introduits dans le royaume, il y a quelques mois. À leurs recrues, parmi lesquelles deux anciens détenus de Guantánamo en liberté provisoire depuis leur retour au Maroc (les « Afghans » Mohamed Mazoz et Brahim Benchekroun), les djihadistes expliquaient qu’elles allaient se rendre en Irak, via la Syrie, pour y subir une formation complète aux côtés des combattants d’Abou Moussab al-Zarqaoui.
Une fois ce « stage » terminé, les volontaires étaient censés revenir au Maroc pour y mettre en application ce qu’ils avaient appris en l’occurrence : des attentats contre des cibles touristiques et des édifices publics , l’objectif à moyen terme étant la création de maquis communs avec le GSPC algérien. Commentaire d’un responsable proche du dossier : « Le retour au pays servait d’appât ; en réalité, très peu d’entre eux avaient des chances de sortir vivants du piège irakien. Pour les gens d’al-Qaïda, le Maroc est un réservoir de martyrs. »
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