Il n’y a qu’à moi…

Publié le 27 août 2006 Lecture : 3 minutes.

Il n’y a qu’à moi qu’il arrive des choses pareilles ! Si vous avez une minute, je vais vous raconter toute l’affaire. Ça s’est passé hier, samedi. Presque chaque semaine, avec deux ou trois copains du foot, on se retrouve le samedi en fin de journée, pour boire une eau minérale ou un jus de fruits. Parce que le dimanche, c’est le match ou l’entraînement, ou les deux, et là, pas question d’échanger quelques mots : l’entraîneur n’aime pas ce qu’il appelle nos conciliabules. Remarquez, je ne lui donne pas tort. Si on veut que les gars se donnent à fond, il faut qu’ils se concentrent sur le jeu et sur rien d’autre.
Hier, on était trois en tout. On discutait ferme avant d’entrer au café. J’avais posé mon sac à mes pieds, parce qu’il commençait à me peser : il contenait mon vieil ordinateur portable avec imprimante incorporée. Je ne me risque jamais dehors avec mon nouvel ordinateur ultraléger, parce qu’il y a trop de vols à la tire. J’étais allé faire une démonstration à mon ancien instituteur. Depuis qu’il est à la retraite, il envisage de s’équiper en informatique, mais, à son âge, il est intimidé dans les boutiques spécialisées. « Tu te rends compte, me dit-il, les vendeurs et les clients pourraient tous être mes petits-fils ! »
Un type nous croise et alpague mon sac. Il nous a bien fallu deux secondes avant de comprendre ce qui s’était passé. Mais là, on a foncé ! Serge et Slimane lui barraient la route avant qu’il ait compris ce qui lui arrivait. Moi, je glisse la main dans ma poche, et je pointe mon index à travers l’étoffe. « Haut les mains ! » Il a dû croire que j’étais armé. Il a posé le sac au sol et levé les bras. De toute façon, cerné par trois gars, il n’avait aucune chance de s’en tirer. « Allons, direction le poste de police ! »
J’ai récupéré mon sac, et on a mené le type chez les flics. L’agent chargé de la réception nous a demandé :
– C’est à quel sujet ?
– Il a volé mon sac.
– Quel sac ?
– Celui-ci.
Et j’ai montré mon sac que je portais en bandoulière.
– S’il est à vous, il n’a rien volé puisque vous l’avez à l’épaule. Mais il y a peut-être eu tentative de vol. Vous voulez porter plainte ?
Je me suis retrouvé bête. Ma réaction, je l’ai compris plus tard, vient de tous ces feuilletons policiers qu’on voit à la télé. Ça se passe toujours au commissariat. Alors, comme un idiot, j’avais fait pareil.
– Non, merci. Excusez-moi de vous avoir dérangé.
On est sortis, le type, mes potes et moi. J’ai proposé qu’on boive quelque chose. Le type a dit : « Vous avez été chic. C’est moi qui vous invite. »
Au comptoir, on ne savait pas trop de quoi parler, même si, tous les quatre, on avait à peu près le même âge. Le type a dit : « Allez, on trinque. Et sans rancune. »
Finalement, on était contents qu’il n’y ait pas eu d’histoire. Le type avait peut-être pété les plombs en voyant mon sac au sol, mais il n’avait pas l’air antipathique. Il a dit : « Attendez-moi, je vais régler les consommations, et puis, je file aux toilettes et je reviens. »
Cinq minutes après, il n’était toujours pas revenu. Machinalement, j’ai regardé à mes pieds : mon sac, que j’avais posé au sol, n’y était plus.
Vous me voyez retourner au poste de police, déposer plainte pour vol à la tire devant le même agent ? Objet du vol : mon sac. Auteur du vol : le type que j’avais amené une demi-heure plus tôt pour le même motif. Il m’aurait pris pour un dingue …
Dernier détail : le type n’avait pas réglé les consommations. Mesquin, non ?
Il n’y a qu’à moi qu’il arrive des choses pareilles !

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires