Faites entrer les chérubins

Publié le 27 août 2006 Lecture : 2 minutes.

À l’université d’Amsterdam, il y a un cours de première année qui s’intitule « Introduction à la culture arabe ». L’enseignant principal, appelons-le Peter, a eu cette année un problème insolite avec un étudiant marocain. Alors qu’il donnait un cours sur les premières années de l’islam, Peter évoqua la bataille de Badr qui fut remportée, comme chacun sait, par les partisans de Mohammed. L’étudiant leva le doigt :
– Monsieur, il faut préciser que cette bataille fut remportée avec l’aide des anges.
Peter, un peu surpris, répond :
– Je respecte naturellement vos convictions et vous êtes parfaitement libre de croire qu’une escadrille d’anges a pris part à la bataille. Cependant, nous ne sommes pas ici en cours de théologie mais d’histoire. En tant qu’historien, je dois m’en tenir à l’Histoire des hommes, qui est assez compliquée comme ça, sans faire intervenir les churs célestes.
L’étudiant réplique :
– Mais si vous êtes historien, vous devez vous référer aux meilleures sources. Or y a-t-il meilleure source que le Coran, qui est la parole même de Dieu ?
Peter commence à s’énerver.
– Mais je ne suis pas musulman, je suis un historien totalement agnostique et je n’introduirai pas de petits putti dans mon cours.

L’étudiant amateur de surnaturel murmure quelques imprécations, maugrée, renifle mais n’insiste pas. Toutefois, quelques semaines plus tard, lors de l’examen écrit, il remet une copie dans laquelle il a écrit en lettres majuscules : LA BATAILLE DE BADR FUT GAGNÉE GRÂCE AUX ANGES. Le démoniaque Peter te me lui colle un zéro digne de Belzébuth. L’étudiant, outré, rameute d’autres amis des séraphins et va voir le doyen pour se plaindre du racisme antimusulman qui règne dans cette université diabolique. Le doyen, qui est d’ailleurs une femme – un vrai ange -, est bien embêtée mais elle finit par trouver la solution : désormais les étudiants doivent s’en tenir à ce qu’il y a dans le cours mais ils ont le droit d’indiquer sur leurs copies d’examen, en arabe, tahta al-ikrah, c’est-à-dire « (j’écris ceci) sous la contrainte ».

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Et voilà comment un doyen probablement inspiré(e) par l’archange Gabriel a résolu un problème qui menaçait de déclencher un djihad en plein Amsterdam, en l’an de grâce 2006

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