Prisons ou mouroirs ?
Publié le 27 juillet 2008 Lecture : 1 minute.
Dans la nuit du 13 au 14 juillet, quatre prisonniers sont décédés de malnutrition à la prison centrale de Mbuji-Mayi, dans le Kasaï-Oriental. Depuis le 21 juin, dix détenus sont ainsi morts d’inanition dans cette prison construite en 1950. D’une capacité initiale de 200 places, elle abrite actuellement 425 personnes, dont des femmes et des enfants, selon la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc).
À en croire un haut fonctionnaire du ministère de la Justice, la prison de la capitale du Kasaï-Oriental est dotée d’un budget ridicule de 3, 2 millions de francs congolais (environ 3 700 euros) pour l’année 2008. Confronté à d’insurmontables difficultés budgétaires, le gouvernement central de Kinshasa peine pourtant à honorer ses engagements.
La guerre et la récession économique ayant favorisé le développement de la criminalité dans cette ville, dont la population est estimée à près de 2 millions d’habitants, le nombre des détenus a fortement augmenté. Sans eau courante ni électricité, dépourvue de ventilation, la prison est un véritable mouroir. Selon des sources proches de la direction, au moins 57 personnes seraient mortes dans l’établissement en 2007.
Pour choquant qu’il soit, le phénomène n’est pas nouveau. En avril 2004 déjà, un premier « Rapport sur la détention dans les prisons et cachots de la RD Congo » publié par la section des droits de l’homme de la Monuc dressait un état des lieux très alarmant. Dans les 33 prisons en fonctionnement en RD Congo, les enquêteurs avaient relevé les déficiences graves dans l’alimentation, l’hygiène et les soins de santé.
On note également une déplorable promiscuité. Adultes et mineurs, condamnés et prévenus, hommes et femmes vivent les uns sur les autres. En plusieurs endroits (Buluwo, Beni, Kananga, Bandundu), les détenus sont gardés dans des locaux construits pour un tout autre usage, tels que des usines et des dépôts. Même si la RD Congo est loin d’être la seule dans ce cas en Afrique subsaharienne, il lui faut rénover ses prisons de toute urgence.
