Le pasteur, le candidat et les « niggers »

Publié le 27 juillet 2008 Lecture : 1 minute.

Après avoir beaucoup tergiversé, il avait fini par apporter son soutien à Barack Obama dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle, mais tout le monde l’avait compris : le cur n’y était pas. Pasteur baptiste, vieux militant de la lutte pour les droits civiques et compagnon de Martin Luther King, le révérend Jesse Jackson a, par inadvertance, livré le fond de sa pensée, le 16 juillet, en marge d’une interview à Fox News, la chaîne d’information continue du tycoon ultraconservateur Rupert Murdoch (lequel, bizarrement, s’est déclaré en faveur du sénateur métis de l’Illinois).
Croyant les micros éteints, Jackson s’est en effet lâché. À l’en croire, Obama s’adresse aux électeurs africains-américains comme à des niggers – terme ordurier fleurant bon les champs de coton au temps de l’esclavage -, auxquels il dicterait la bonne façon de se comporter. Autrement dit, de voter.
Lui-même deux fois candidat malheureux à la magistrature suprême (en 1984 et 1988), le révérend n’observe pas sans aigreur les stupéfiants succès de son successeur. Plus profondément, il reste scotché à une conception passéiste, paranoïaque, des relations entre Noirs et Blancs. Si ces derniers votent par millions pour Obama, c’est forcément que celui-ci est un « Oncle Tom » – ce qui n’est pas un compliment. Personne ne conteste que la ségrégation fut une abomination. Ni que les Blacks américains restent victimes de graves discriminations. Mais en niant que les choses aient, si peu que ce soit, changé, Jackson ne fait guère que révéler son attachement à son fonds de commerce.

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