Le monstre aux deux visages

En fuite depuis 1997, le grand artisan du « nettoyage ethnique » en Bosnie a – enfin ! – été arrêté, à Belgrade.

Publié le 27 juillet 2008 Lecture : 1 minute.

On se demandait par quel miracle Radovan Karadzic (63 ans), l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie poursuivi pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, réussissait depuis treize ans à échapper aux services secrets de son pays et aux forces de l’Otan lancés à ses trousses. On soupçonnait un manque de volonté politique, voire d’obscures complicités au sein des réseaux ultranationalistes toujours très influents à Belgrade.
Le 21 juillet, l’arrestation dans la banlieue de la capitale du Boucher de Srebrenica, principal instigateur avec Slobodan Milosevic (décédé en 2006 avant la fin de son procès à La Haye) du « nettoyage ethnique » qui, de 1992 à 1995, fit entre 100 000 et 260 000 morts et 1,8 million de déplacés chez les Musulmans et les Croates de Bosnie, avait conforté ces soupçons. Comme par hasard, elle survenait deux mois après la victoire aux législatives des proeuropéens du Parti démocrate (DS). De là à imaginer que les nouveaux dirigeants aient choisi de livrer l’ex-psychiatre exalté au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) dans le seul espoir de favoriser l’ouverture de négociations d’adhésion à l’Union européenne
Tout cela n’est pas faux, mais, à l’évidence, n’explique pas tout. L’extraordinaire transformation physique de Karadzic, devenu, depuis sa plongée dans la clandestinité, en 1997, une sorte de sosie de Saddam Hussein avant sa capture par les Américains, le démontre : la tâche de ses poursuivants n’avait rien d’une sinécure !

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