Interdit aux chrétiennes
Vous allez me dire : encore une histoire d’hymen et de virginité, on en a assez de vos soucis de bonne femme, laissez tomber les faits divers sordides, racontez-nous des séquences d’amour, donnez-nous de quoi rêver. Des recettes estivales, si vous voulez, les meilleures façons de cuisiner intelligent ou de cuire au soleil sans dégâts. Nous sommes preneurs.
D’accord. La prochaine fois. Mais laissez-moi vous raconter la dernière, rayon ségrégation et intolérance. Après, c’est promis, nous enverrons les vierges au vestiaire, nous les laisserons à leurs histoires d’hymen et à leurs autres vieilleries, nous passerons à plus sérieux, ou à moins, c’est selon.
Il y a quelques mois, une étrange publicité a circulé sur le Net à propos d’un café lancé au pays du Nil par une ex-comédienne égyptienne du nom de Hanan Turk, qui avait fait la bringue durant des décennies avant de se repentir et de se voiler de la tête aux pieds.
Sabaya Café – littéralement « Vierges Café » – a ouvert ses portes à Héliopolis, banlieue chic du Caire. Sa tenancière y invite les jeunes croyantes à « s’approcher de Dieu » et à nouer des « amitiés vertueuses » autour d’un verre de thé et de quelques confiseries, de papoter autour du droit chemin et des personnages de vertu.
Une fois à l’intérieur, les filles peuvent tomber le voile, mais, attention, pas pour danser – la musique y est interdite, les films aussi. Mme Turk abhorre désormais son ancien métier, elle veut se refaire une virginité morale, ne vend que foulards et livres religieux et propose au menu versets et psalmodies. Mes chères petites, je vous sers du bien, régime sans péché, que du jus de foi, pour les grasses comme pour les maigres, à condition qu’elles viennent pures et emmitouflées.
Car le café de Hanan Turk affiche ses convictions et insiste sur une chose : il est interdit à trois catégories de pestiférés – les hommes, les non-voilées et les chrétiennes.
Vous voulez mon avis ? Je propose que le Café des Vierges ouvre au Mont-Athos. Vous savez, cette île grecque pour moines strictement défendue aux femmes dont je vous parlais la dernière fois. Entre intégristes, il y a toujours moyen de s’entendre. Nous, nous continuerons à réclamer le droit de batifoler en toute mixité, en toute tolérance, tous croyants confondus. Ni Jésus ni Allah ne s’en offusqueront, j’en suis sûre.
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