Un arbitre nommé Mbeki

Publié le 27 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Certes, des contacts secrets et informels avaient déjà eu lieu, mais jamais la Zanu-PF, le parti au pouvoir au Zimbabwe, et le Mouvement démocratique pour le changement (MDC), le principal parti d’opposition, ne s’étaient officiellement rencontrés, avec l’assentiment de leurs états-majors respectifs. C’est pourtant ce qui vient de se passer, le 12 mai, sur les rives d’un lac proche de Pretoria.
Alors que le gouvernement zimbabwéen continue de réprimer vigoureusement toute forme d’opposition, le président sud-africain Thabo Mbeki, mandaté par ses pairs de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), est parvenu à engager une médiation. La Zanu-PF a dépêché quatre représentants, parmi lesquels Patrick Chinamasa et Nicholas Goche, respectivement ministres de la Justice et du Travail, et les deux factions du MDC, quatre également. Au cours de la rencontre, à laquelle ont pris part plusieurs responsables sud-africains, les négociateurs, en dépit d’une entame houleuse, sont parvenus à définir le cadre des futurs pourparlers. Une source proche du dossier confirme que le MDC et la Zanu-PF sont convenus de se rencontrer de nouveau au début du mois de juin, pour discuter principalement des élections législatives et présidentielle prévues en mars 2008.
Pour l’heure, le président Robert Mugabe n’a rien laissé filtrer de ses intentions, même s’il s’est plusieurs fois déclaré favorable à un report des deux consultations. L’opposition a, pour sa part, trois revendications essentielles : l’arrêt immédiat des violences contre ses militants, la création d’une commission électorale indépendante et l’octroi du droit de vote aux millions d’émigrés zimbabwéens réfugiés dans les pays voisins.
Face aux représentants du pouvoir, Morgan Tsvangirai et Arthur Mutambara, les chefs des deux factions du MDC, ont tâché de faire entendre leur voix. Le 11 mars, à l’issue d’un rassemblement pacifique dans les rues d’Harare, ils avaient été arrêtés en compagnie d’une cinquantaine de personnes, puis torturés.
Plutôt réticent à l’idée d’une médiation sud-africaine, Mugabe s’est ravisé sous la pression de ses voisins de la SADC. Mais l’aile dure de la Zanu-PF reste inflexible. Nathan Shamuyarira, l’un de ses porte-parole, a fait savoir que, le MDC n’étant qu’une « opposition de pacotille », discuter avec lui est une perte de temps.
Confrontés à l’afflux ininterrompu de réfugiés zimbabwéens, les dirigeants sud-africains semblent avoir renoncé à la « diplomatie du silence » qui caractérisait jusqu’ici leur gestion du « cas Mugabe ». Quant à ce dernier, il paraît beaucoup plus sensible aux requêtes de ses voisins qu’aux injonctions de la communauté internationale.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires