Salafistes devant leurs juges

Publié le 27 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Depuis le 21 mai, une vingtaine de jihadistes comparaissent devant un tribunal mauritanien une première. Sept d’entre eux sont accusés d’avoir noué des liens étroits avec les maquisards algériens du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), récemment rebaptisé al-Qaïda pour le Maghreb islamique. Selon la police, ils auraient séjourné, en 2004, dans des camps d’entraînement du GSPC, dans le nord du Mali.
Accueillis à bras ouverts par l’ancien émir du groupe, Amari Saïfi, alias Abderrazak El-Para (aujourd’hui emprisonné en Algérie), les apprentis jihadistes mauritaniens auraient été initiés au maniement des armes et des explosifs. À les en croire, ils n’ont jamais eu l’intention de commettre des attentats au Maghreb, mais désiraient ardemment « combattre aux côtés de la résistance irakienne ». El-Para les en aurait dissuadés.
Dépités, les sept jeunes gens ont fini par regagner la Mauritanie, où ils ont été appréhendés, en avril 2005, par la police de Maaouiya Ould Taya. Celui-ci (qui sera destitué quatre mois plus tard) comptait bien utiliser cette prise pour se faire valoir auprès des Américains. Peu de temps après, un nouveau coup de filet a eu lieu dans la mouvance islamiste. Quatorze personnes, parmi lesquelles deux ressortissants algériens installés depuis plusieurs années à Nouakchott ainsi que l’« émir » Mahfoud Ould Idoumou, ont été placées en détention. La police soutient que toutes étaient membres de la direction d’un Groupe islamique pour la prédication et le jihad en Mauritanie (GIPJM), créé en 2000 mais largement inconnu du grand public. Au moins un de ses dirigeants aurait combattu en Afghanistan.
Les avocats jurent que les dossiers d’accusation sont vides. « Les inculpés n’ont commis aucun des actes qui leur sont reprochés », s’enflamme l’un d’eux. À en croire le parquet, les salafistes seraient à tout le moins coupables d’« appartenance à une association illégale ». Depuis la chute d’Ould Taya, le dossier est en suspens, Ely Ould Mohamed Vall, son successeur, s’étant prudemment abstenu de trancher dans une affaire qui déchaîne autant les passions. Dans une partie de la population comme chez les partenaires occidentaux. Mais Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le nouveau président élu, est résolu à en finir. « Il faut que la justice se prononce », a-t-il fait savoir au lendemain de son investiture, le 19 avril.

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