Pour un concile cuménique des trois religions

Publié le 27 mai 2007 Lecture : 3 minutes.

La chaire Ben Ali pour le dialogue entre les civilisations et les religions a organisé du 7 au 9 mai, à l’université de Tunis, un séminaire international sur « Raison et foi dans un monde solidaire », thème débattu depuis des siècles mais toujours d’actualité. Voici un extrait d’une communication qui suggère « un dialogue inventif » entre les confessions abrahamiques.

Théologiens et intellectuels semblent aujourd’hui acquis à l’idée d’un grand débat cuménique sur les questions les plus urgentes du devenir humain, y compris les questions de la violence et du terrorisme. Nous devrions encourager la logique d’un processus de convergence. Les acteurs seraient coresponsables et ils seraient appelés à une recherche commune non seulement sur la foi, mais aussi sur la philosophie immanente d’un dialogue dans les dimensions politiques, économiques, sociales et humaines.
Le Coran nous dit : « Ne discutez avec les gens du Livre que de la manière la plus courtoise. » De Moïse, le texte coranique souligne : « Nous l’avons appelé sur le côté droit du Mont et, tel un Confident, Nous l’avons fait approcher de Nous. » Jésus est proclamé « signe pour les hommes et miséricorde venue de Nous ».
Nous avons en Tunisie, à Djerba, un lieu particulièrement symbolique en terre d’Islam où l’une des plus anciennes communautés juives s’est installée il y a quelque 2 500 ans. La synagogue de la Ghriba est le témoin permanent de la tolérance et de l’cuménisme de notre pays. Maïmonide écrit dans son Code : « Tout ce qui se rapporte à Jésus de Nazareth et à l’Ismaïlien Mohammed qui est venu après lui a servi à préparer le monde entier à adorer Dieu d’un commun accord. »
Nous pourrions, au niveau universitaire, réfléchir aux voies et moyens susceptibles d’aboutir à une stratégie à court terme. Celle-ci pourrait se limiter à deux ou trois problèmes sur lesquels les trois religions devraient dégager une préoccupation de globalité : la pauvreté dans le monde, la solution du conflit israélo-palestinien, les problèmes de l’environnement.
L’idée d’un concile cuménique unique des trois religions est certes encore prématurée. Mais pour l’entretenir et lui donner vie, commençons à poser des questions pratiques. Quels participants ? On pourrait penser à des théologiens soucieux de paix et de justice et qui soient des autorités dans leurs communautés et dans le monde. Il faudrait qu’ils soient des personnages fidèles à l’écriture, à la tradition, et qui bénéficient du respect de leurs pairs. Quels thèmes traiter ? Nous avons évoqué plus haut quelques sujets tirés de l’actualité. Mais c’est aux équipes de les découvrir elles-mêmes et ce ne sera ni le plus facile ni le moins important de cette immense tâche.
Quelles étapes prévoir avant d’aménager un concile à trois ? L’on se souvient sans doute que la Tunisie avait préconisé la réunion d’un concile cuménique musulman dont l’objet aurait été de faire apparaître l’immortalité d’une religion, avant tout dynamique. L’Église hiérarchisée et structurée pourrait réunir toutes les conditions de sa propre préparation. Le peuple juif a assez d’autorités responsables et d’esprits éclairés pour répandre avec nous des convictions nouvelles dans un monde nouveau. La préparation devrait se faire d’abord d’une manière centripète à l’intérieur de chacune des trois religions. On pourrait imaginer une coordination informelle des équipes préparatoires, en quelque sorte la formule des sherpas entre les trois religions.

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Notre vu est que l’on participe à un dialogue inventif pour aider les acteurs politiques à coller au monde actuel. Nous voulons une communication réelle pour un dialogue vrai. Nous attendons un travail marqué par l’objectivité, personnellement déculpabilisé, collectivement responsabilisé.
La force d’un concile cuménique réside dans sa capacité à convaincre par des références conséquentes à des normes éthiques et juridiques. On ne pourrait pas l’accuser de partialité. Il interviendrait dans les problèmes liés à la promotion de la paix, à la promotion des droits humains, au respect de la justice, à l’action humanitaire, il contribuerait à identifier les causes des injustices et des déséquilibres mondiaux. Ce serait la meilleure manière de proposer à notre humanité les règles divines de notre comportement sur la planète.

* Ambassadeur, ancien représentant permanent de la Tunisie auprès des Nations unies.

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