Les villages de la discorde

Publié le 27 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Depuis le mois de février, l’« affaire de Kahemba » suscite de très vives polémiques en RD Congo. Kahemba est un territoire riche en diamants de la province du Bandundu (Ouest), à la frontière avec l’Angola, sur le 7e parallèle. Deux villages de la région, Shayimbwanda et Shakadiata, seraient actuellement occupés par les troupes angolaises. C’est en tout cas ce que soutenait Antipas Mbusa Nyamwisi, le ministre des Affaires étrangères, alors que Denis Kalume Numbi, son collègue de l’Intérieur, démentait catégoriquement l’information.
L’opinion, pour sa part, n’a aucun doute et s’indigne de ce « bradage du territoire national ». Pour tenter d’établir la vérité, une commission d’enquête parlementaire a été dépêchée à Kahemba. Le 21 avril, elle a remis son rapport au président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, qui l’a à son tour communiqué au chef de l’État.
Avant même la publication des conclusions de la commission, la controverse reprend de plus belle, à l’instigation de Godefroid Mayobo, le ministre à la Primature, qui déclare publiquement que jamais les troupes angolaises n’ont franchi la frontière pour occuper des villages congolais. Le 23 mai, à Bruxelles, c’est la version que défend Nyamwisi qui a donc, depuis le déclenchement de la crise, changé d’avis. Le chef de la diplomatie précise même que les deux villages en question se trouvent en réalité en territoire angolais. Sylvanus Mushi Bonane, le ministre de la Recherche scientifique, qui a envoyé sur le terrain une équipe de cartographes, confirme. Mais la commission parlementaire s’obstine : selon elle, le gouvernement ne dit pas la vérité.
Un de ses membres s’est confié à Jeune Afrique. « Nous avons trouvé des militaires angolais dans les villages de Shayimbwanda et Shakadiata, raconte-t-il. Ils ont chassé les chefs traditionnels et délogé les services de l’État congolais. Ensuite, ils ont procédé à un recensement pour démontrer que les habitants, à qui ils ont fourni des vêtements et de la nourriture, sont de nationalité angolaise. » Toujours selon ce parlementaire, des gisements d’uranium et de cobalt auraient été récemment découverts dans la zone. Ils susciteraient la convoitise d’« intérêts privés ».
La vérité est qu’il existe un différend frontalier que les autorités des deux pays sont convenues de régler à l’amiable. Une commission d’experts, à laquelle se joindront des représentants de la Belgique et du Portugal, est en passe d’être constituée. Elle sera chargée d’examiner à la loupe les archives de l’époque coloniale. Tâche délicate, puisque des populations appartenant aux mêmes groupes ethniques vivent aujourd’hui de part et d’autre d’une frontière jadis tracée de manière artificielle, sans tenir compte de ces considérations.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires